Dossier spécial BD numérique
Si la simple appellation de « bande dessinée numérique » semble effrayer plus d’un amateur du 9e art, le nombre d’initiatives ne cesse d’augmenter dans ce domaine depuis quelques années. Lettres numériques revient pour vous dans un dossier spécial sur ces projets, initiés pour la plupart par des passionnés de bandes dessinées et d’informatique. Petit tour d’horizon pour comprendre pourquoi la BD est le genre éditorial qui rassemble le plus de communautés d’internautes curieux et enthousiastes au format numérique.
Mais qu’entendons-nous par BD numérique ?
Qu’elle soit simplement numérisée, autrement dit scannée à partir du format papier, ou conçue et réalisée pour les nouveaux supports de lecture, la bande dessinée numérique est la dénomination que l’on donne à toute BD diffusée sur le web. La première n’offre de toute évidence pas un grand confort de lecture puisque le contenu n’a pas été conçu pour l’écran. Par contre, la deuxième solution est actuellement la plus fréquemment employée par les maisons d’édition BD.
Quels sont les acteurs de la BD numérique ?
Tout d’abord, il y a les maisons d’édition de bandes dessinées traditionnelles – Casterman, Dupuis, Dargaud, Delcourt ou encore Glénat – qui tentent de s’imposer partiellement sur un marché numérique à la fois prometteur et effrayant. En effet, bien que celles-ci restent encore très attachées au format papier, tout comme les lecteurs d’ailleurs, nombreuses sont celles qui déclinent leurs offres aux différents formats, papier et numérique, afin d’être présentes sur les deux marchés. La diffusion et la distribution de leurs BD digitales se font grâce à des plateformes de ventes en ligne.
Deux tendances se dessinent :
– soit les éditeurs décident de réaliser eux-mêmes leurs portails de vente en ligne, ce qui ne semble pas chose aisée au vu de l’infortune rencontrée par ces deux éditeurs, Foolstrip (aujourd’hui disparu), Manolosanctis (qui cherche un repreneur),
– soit ils confient la diffusion/distribution à des plateformes en pleine expansion telles que Digibidi, Iznéo ou EspritBD qui offrent des catalogues de plus en plus fournis et diversifiés.
D’autre part, on trouvera sur le net des initiatives de type « avant-gardiste » qui sont à l’origine de nombreux outils de développement (Comic Composer, Art of Sequence, Emedion …) et applications de qualité permettant une toute nouvelle approche de cet art de « l’ellipse », expression empruntée à l’éditeur de BD indépendant WEBellipses mettant l’accent sur les parties du récit que la BD passe sous silence. Ces passionnés expérimentent toutes les facettes possibles et imaginables qu’offre le numérique, et le plus souvent, mettent gratuitement à disposition de la communauté leurs inventions « révolutionnaires ». Se range dans cette catégorie une série d’éditeurs qui explorent en profondeur les opportunités du support numérique : WEBellipses, Ave!Comics, BDnag…
Une offre à trois vitesses : du gratuit à la vente en passant par la location
Le modèle économique de l’abonnement que nous devons au célèbre portail « Les Autres Gens », aujourd’hui sur le point d’arrêter leur production, est le système que la plupart des plateformes actuelles ont adopté pour mettre à disposition leur catalogue à leurs clients. Cela fonctionne un peu comme une bibliothèque : le client crée un compte sur lequel seront progressivement entreposés les livres achetés ou loués auprès de la plateforme. Ceux-ci, uniquement consultables en streaming, pourront être vus et parcourus de manière ludique sur n’importe quel support numérique (de l’ordinateur au smartphone, en passant par les tablettes), à condition de télécharger les applications nécessaires à la lecture.
En parallèle, une offre légale et gratuite est également accessible sur des espaces web dédiés à la création et à la découverte de nouveaux artistes/auteurs du 9e art. Il s’agit le plus souvent de courtes histoires humoristiques et/ou animées : l’exemple de Bludzee par Trondheim.
Au final, le lecteur amateur de BD pourra à la fois retrouver sur la Toile tous ses héros préférés (issus entre autres du catalogue de Casterman, Dupuis ou Le Lombard) et découvrir les créations innovantes d’auteurs (indépendants ou non) convaincus par les possibilités du numérique et ce, pour des coûts accessibles et sur tous les supports digitaux.
La semaine prochaine, nous aborderons d’autres thématiques en lien avec l’univers de la BD numérique. Nous nous interrogerons par exemple sur le piratage, ou encore sur l’avenir à long et court terme des BD numériques.
J.N.
— Stéphanie Michaux