CotCotCotApps, éditeur d’applications pour enfants
Après une maitrise en Lettres étrangères appliquées à la Sorbonne, quelques années d’expérience dans un bureau de consultance et un MBA à la Vlerick Leuven-Gent Management School, Odile Flament a eu envie de créer sa propre entreprise. C’est comme ça qu’est né CotCotCotApps, un éditeur belge d’applications iPad et iPod pour les enfants. Rencontre avec cette jeune éditrice d’un genre nouveau.
Les débuts de CotCotCotApps
Tout a commencé lorsque j’ai reçu un iPad à Noël 2010. Au début, je n’ai pas vraiment accroché, j’avais un ordinateur portable et un desktop, je ne voyais pas vraiment l’avantage que pouvait me procurer une tablette. Et puis, j’ai découvert les livres pour enfants, j’ai trouvé cela inspirant et j’ai eu envie de proposer la même chose au public.
Pour le moment, je travaille seule au sein de CotCotCotApps mais j’externalise énormément de tâches en recourant à la Smart ou à des bureaux d’intérim. Nos projets mobilisent beaucoup de compétences très variées et nous ne pouvons pas nous permettre d’engager toutes les personnes avec lesquelles nous travaillons.
Pourquoi avoir choisi d’être un éditeur d’applications et pas d’ebooks ?
A mes yeux, les applications peuvent s’assimiler à des livres numériques. En tous cas, chez CotCotCot, elles restent des livres parce que nous n’optons pas pour l’interactivité totale. La base de notre offre reste le texte et l’illustration. Les deux sont complémentaires et forment le récit. Bien sûr, certaines applications, même primées, s’apparentent peut-être trop à de l’animation, mais on ne les prend pas pour modèles.
Il va de soi que la limite entre les deux versants n’est pas franche. On se retrouve face à un objet qui évolue constamment. On observe actuellement une redéfinition du paradigme du livre ; essayez de proposer une définition à présent, elle sera dépassée dans six mois. Il faut donc laisser les choses se faire, entreprendre, oser et observer.
La question s’est posée à plusieurs reprises, mais on ne s’est pas prononcé en faveur de l’ebook. Dans la configuration actuelle, le système fermé de l’iPad nous protège. On ne souhaite pas encore nous lancer dans des développements d’applications Android tant que ce segment n’est pas mieux organisé. Pour l’instant, on observe les tendances et la demande d’applications Android avec intérêt mais les projets innovants se développent d’abord sur iOS. De fait, notre priorité va à la constitution d’une ligne éditoriale originale et cohérente.
Par ailleurs, l’ebook ne proposerait qu’une version allégée de l’application avec des fonctionnalités différentes sans compter qu’il ne s’agit pas des mêmes développements. On estime pour le moment que l’iPad est ce qu’il y a de plus intuitif, ce qu’il y a de plus facile pour les enfants.
De combien de temps avez-vous besoin pour mettre au point une application ?
Cela peut changer d’une application à l’autre. Par exemple, notre première application On tient la forme est adaptée d’un projet de livre « physique » de Cécile Eyen. On a eu carte blanche pour les activités et les jeux complémentaires mais il s’agit quand même d’un livre numérique quasi-homothétique finalement. Dans ce cas, le développement nous a pris deux mois sans compter les updates, ce qui est plutôt rapide.
La réflexion est différente pour les projets à venir qui seront inédits ou qui repenseront globalement les livres adaptés. Le livre de Dominique Maes, Bleu de toi, prend plus de temps. L’auteur a eu un vrai déclic en découvrant les possibilités de l’iPad et a retravaillé tout son livre « numériquement » , en repensant l’interaction avec le petit lecteur (et son entourage) autrement que pour un livre physique. On a commencé le développement il y a trois semaines et on aimerait pouvoir le présenter au Salon du livre de jeunesse de Namur.
Comment sélectionnez-vous vos projets ?
Pour le moment, il s’agit surtout de coups de coeur et d’idées qui germaient depuis longtemps comme le projet « Top Secret ». On ne veut pas faire du simili-Disney, on souhaite proposer des œuvres avec un graphisme différent, quelque chose de spécial et des images atypiques. Il est vrai que le plus dur fut peut-être de convaincre Cécile Eyen de nous faire confiance sur le premier projet.
On cible également des projets destinés aux enfants entre 3 et 8 ans. On s’aligne sur la règle de l’Association des Pédiatres Américains (relayée par Serge Tisseron) qui préconise de ne pas mettre un enfant devant un écran avant trois ans. Après, nos projets peuvent s’adresser à différentes tranches d’âges, le projet des Nutons par exemple présente un texte plus complexe mais qui renforce le côté magique, l’attrait du mystère que sous-tend l’ouvrage.
Combien d’applications comptez-vous proposer par an ?
Cette année, outre une application déjà en ligne, on proposera encore trois nouveautés pour le Salon de Namur et deux autres d’ici décembre. Mais on ne se fixe pas d’objectifs annuels en termes de « publication ». On est au début de notre activité et on construit pas à pas notre ligne éditoriale. On veut se positionner comme un éditeur d’applications de qualité pour enfants, pour cette raison, on ne soutient que des projets auxquels on croit.
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— Stéphanie Michaux