L’autoédition, une aubaine pour quelques-uns, une grande désillusion pour beaucoup d’autres ?
A l’heure de la rentrée littéraire, il nous a paru utile de mesurer l’impact des ebooks et de l’autoédition sur l’édition en général. Force est de constater que l’influence de ces deux phénomènes reste actuellement encore très limitée.
Même si depuis un an le paysage numérique francophone a fondamentalement évolué avec l’arrivée de mastodontes comme Amazon, Google eBooks ou encore Kobo, de nombreux indices laissent à penser que la rentrée littéraire 2012 restera anecdotique pour ce qui est du numérique.
Dans un article du 15 août 2012 publié dans le NYTimes (« The Joys and Hazards of Self Publishing on the Web »), Alan Finder livre une analyse intéressante des conséquences de l’autoédition aux Etats-Unis. Il apparait ainsi que l’autoédition a pu fournir une alternative idéale aux écrivains talentueux et malgré tout découragés de voir leurs manuscrits sans cesse rejetés par les maisons d’édition traditionnelles. Auparavant, ceux-ci n’avaient pas d’autre choix que d’abandonner leurs textes ou de prendre le risque de les éditer à compte d’auteur. Une situation particulièrement problématique pour les auteurs américains vu le phénomène de concentration des éditeurs qu’on a observé aux États-Unis ces dernières années. En Europe, la situation est légèrement différente car la multitude d’éditeurs change la donne et permet une plus grande production littéraire. Heureusement, le digital a chamboulé l’équilibre en vigueur dans le milieu de l’édition aux États-Unis, pour le plus grand bonheur des auteurs. A présent, de nombreuses solutions et sociétés se sont développées et permettent aux auteurs existants et en devenir, de partager leurs écrits, de conserver une part plus importante des revenus des ventes d’ebooks et de garder le contrôle de leurs droits numériques.
De l’impression à la demande à l’édition (éventuellement assistée) d’un ebook, des solutions existent et permettent à certains écrivains de se distinguer. Néanmoins, à l’exception de quelques très rares succès importants tels que « Fifty Shades of Grey » aux États-Unis (qui était à l’origine une trilogie autoéditée, et dont la renommée planétaire, tant en papier qu’en numérique, est principalement due au travail des équipes de Penguin House), très peu d’écrivains autoédités voient leurs ventes dépasser les 100 à 150 exemplaires ! En Europe, compte tenu de l’état du marché du livre numérique, on parlera plutôt de 20 à 30 exemplaires.
Cependant, comme le confirme Mark Coker, fondateur de Smashwords, beaucoup de livres autoédités (tant en papier qu’en numérique) sont avant tout destinés à un cercle restreint d’amis et de connaissances. Et c’est principalement ce public là qui est ciblé par iAuthor, l’outil d’autoédition lancé par Apple il y a seulement quelques mois. Mais pour ceux qui oublient que derrière les grands auteurs se cachent des éditeurs et qui pensent que l’autoédition leur permettra de vendre rapidement des milliers de livres, la déception est souvent au rendez-vous et la facture peut parfois s’avérer salée.
Globalement, on peut distinguer deux sortes de solutions d’autoédition :
- l’autoédition « de base » qui reprend bien évidemment celle dans laquelle on inclut non seulement l’édition à compte d’auteur (papier), et son versant numérique tel que développé par Amazon avec le Kindle Direct Publishing ou encore son équivalent chez Apple, iBook Author. Ces deux outils ne nous semblent néanmoins pas optimaux car ils ne permettent qu’une distribution limitée au réseau Amazon et Apple et les formats ebooks que vous aurez au final ne permettront pas une lecture sur tous les supports (le mobi d’Amazon nécessitera un Kindle ou l’installation d’une application Kindle ; alors que l’ePub généré par iBooksAuthor devra être créé sur un iPad ou un Mac et ne pourra pas être lu sur une liseuse (Sony, Kobo ou autre) ou une tablette autre que l’iPad (à cause des fonctionnalités d’interactivité incluses dans l’ePub)).
- l’autoédition assistée, qui regroupe les solutions proposant des services annexes (payants) de relecture, correction, marketing, promotion, PR, social média etc. Dans cette catégorie, Lulu.com et CreateSpace (filiale d’Amazon) semblent loin devant des acteurs tels que TheBookEdition, Xlibris ou encore Blurb. Au total, il vous en coûtera entre 350$ et 7500$ pour éditer un livre en numérique, en fonction des services que vous sélectionnerez.
Si vous êtes un auteur auto-publié (belge ou étranger) et que vous souhaitez partager votre expérience, vos conseils ou votre vision de l’édition en numérique, n’hésitez pas à contacter Stéphanie Michaux de Lettres Numériques pour nos prochaines newsletters !
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— Thibault Léonard