MO3T, un modèle ouvert pour la distribution de livre numérique
Officiellement lancé en septembre 2012, MO3T (Modèle Ouvert 3 Tiers), modèle ouvert de distribution numérique, se veut une alternative aux géants internationaux qui dominent le marché mondial de l’ebook. Profitant du retard de la France en la matière, ce modèle très prometteur permettrait non seulement d’empêcher la domination d’un seul acteur sur l’ensemble de la chaine de distribution mais également de garantir au lecteur une liberté au moins égale à celle du livre papier : possibilité de prêter ses livres numériques, de sortir du système, …
Le fonctionnement de ce modèle semble simple : le client achète un livre, ou plutôt un droit, celui de lire son livre sur tous ses terminaux. En effet, on parle de « droit » car le modèle propose une nouvelle approche de l’interopérabilité : l’interopérabilité des droits. Ce ne sont pas des fichiers qui circulent entre les acteurs mais bien des droits numériques, du type : « Monsieur X possède ce contenu ». Les droits du client sont stockés dans sa bibliothèque personnelle chez un acteur indépendant du libraire : le gestionnaire de bibliothèques personnelles.
Le modèle s’articule autour de 3 acteurs principaux (d’où son nom) :
- les éditeurs et e-distributeurs émettent les droits numériques ;
- les librairies, les bibliothèques et autres « passeurs » diffusent ces droits auprès du public ;
- des gestionnaires de bibliothèques personnelles gèrent le cycle de ces droits après l’achat.
En reposant sur la séparation structurelle des 3 fonctions de la distribution numérique, le modèle respecte les rôles de chacun. Avec MO3T, il ne serait plus nécessaire pour chaque acteur de maitriser toute la chaine de distribution. Par exemple, un libraire n’aurait plus besoin d’être également fournisseur de terminaux pour survivre.
Pour les lecteurs et, plus largement, pour l’évolution du marché numérique, les possibilités pourraient être très intéressantes. Alors que les lecteurs déplorent justement l’offre trop réduite et des modèles qui les « enferment » dans des canaux de consommation, avec MO3T, ils ne seraient plus obligés de choisir leur « écosystème » pour lire en numérique : les consommateurs pourraient facilement changer de fournisseurs de terminaux sans que cela pose le moindre problème. En outre, les lecteurs pourraient ranger leurs livres numériques dans une bibliothèque personnelle unique (système du « personal cloud »), quels que soit les lieux et les modes d’achat. Ils pourraient aussi prêter leurs livres numériques et les lire dans 10 ans : il n’y aurait en effet pas de problème d’obsolescence des formats car le gestionnaire de la bibliothèque personnelle suivrait l’évolution technologique.
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— Stéphanie Michaux
Oui, comme vous le dites, cela permet d’être indépendant de celui qui vous vend le livre. Le problème à mon avis est alors d’être enfermé dans des modèles où l’on perd la possession du bien acheté, au profit de modèles où l’on n’est plus qu’en location, au bon vouloir de l’éditeur et du type de cession de droit qu’il aura maintenant la possibilité d’imposer grâce à cet opérateur tiers, le gestionnaire de bibliothèque personnelle.
Ce n’est pour le lecteur, j’en ai bien peur, qu’un changement de celui qui enferme, mais pas la liberté qu’on peut avoir aujourd’hui avec le livre-objet. Voir Analyse comparée de TEA e de MO3T