Confessions d’un lecteur numérique qui ne télécharge pas légalement ses ebooks
Poursuivons notre thématique consacrée à l’offre illégale d’ebooks avec le témoignage d’un lecteur numérique. Hadrien a 25 ans, est diplômé universitaire et il travaille maintenant depuis 3 ans. Il y a un an, il a reçu en cadeau sa première liseuse, une Kobo. Depuis lors, il lit désormais ses ebooks sur une Sony mais n’a jamais acheté de livres numériques. Il nous explique pourquoi.
Tout a commencé lorsque j’ai reçu une Kobo pour mon anniversaire. J’ai directement accroché. Étant un fan d’heroic fantasy, j’ai très vite délaissé mes lourds et volumineux tomes au profit d’un écran qui ne fatiguait pas les yeux.
Comment avez-vous commencé à télécharger des versions illégales d’ebook ?
Avec ma liseuse, je me suis connecté sur le store de Kobo depuis mon appareil, j’y ai trouvé beaucoup de livres en anglais mais les versions francophones que je cherchais n’étaient pas disponibles. Le fait que je n’avais pas de carte de crédit à mon nom a fini de me dissuader d’acheter un ebook sur le site.
Habitué à télécharger des films et des séries sur des sites de torrent, j’ai fait de même pour mes ebooks en commençant par un package de 2100 epubs disponible sur un site. Celui-ci contenait de tout, de la chick litt au fantastique en passant par des grands classiques de la littérature. J’ai fait une sélection parmi ces titres mais j’ai découvert de nouveaux livres et de nouveaux auteurs que je n’aurai jamais achetés en version papier.
Avez-vous abandonné les livres papier pour autant ?
Non, je suis un grand lecteur, je lis a peu près 2 livres par mois. Je lis des livres physiques chez moi tandis que j’occupe mes 40 minutes de trajet quotidien avec ma liseuse. Je précise que si je télécharge régulièrement des ebooks de manière illégale, j’achète les exemplaires papier des livres que j’ai beaucoup apprécié en numérique. De cette manière, j’en acquiers la propriété. Je fais pareil avec les films et la musique. Quand ça me plait, j’achète les CD, les DVD ou les Blu-ray par la suite.
Qu’en est-il de la qualité des ebooks que vous téléchargez ?
C’est toujours une surprise. Il peut s’agir d’ePub ou de PDF. J’ai déjà été confronté à des ebooks dont la qualité était vraiment mauvaise. Ils y avaient beaucoup de fautes de frappe, sûrement dues à une mauvaise reconnaissance des caractères. La mise en page laisse parfois à désirer. Mais forcément, lorsqu’on télécharge des versions non-officielles, on est moins exigeant avec la qualité.
Les prix des ebooks vous dissuadent-ils d’en acheter ?
Le prix n’est pas la première raison qui m’empêche d’acheter des ebooks, c’est surtout l’absence de carte de crédit. Pour acheter un livre numérique, je serais prêt à dépenser 5 ou 6 € voire 10 ou 12 € pour une nouveauté. Cela me parait raisonnable. 15 € me parait être la limite et l’optimum 10 €. Si le livre est sorti depuis longtemps, son prix devrait être baissé. Selon moi, comme le livre est dématérialisé, cela me parait raisonnable. Il doit en tous cas être moins cher qu’un livre papier car le coût de création est moindre étant donné que l’on part d’un manuscrit déjà numérique.
L’objectif de cet article n’est évidemment en aucun cas de promouvoir le téléchargement illégal mais bien d’exposer, à partir d’un cas concret assez représentatif, les arguments d’un certain type de lecteurs. Ces arguments, tentant de justifier le recours au téléchargement illégal, diffèrent de ceux, poursuivant le même but mais plus communs, qui renvoient à un coût jugé excessif des livres numériques. Il s’agit ici plutôt d’une barrière technique liée à l’acte d’achat.
Nous rappelons que le téléchargement illégal porte préjudice aux droits d’auteur. Nous consacrerons un article la semaine prochaine au cadre légal qui protège ceux-ci.
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— Stéphanie Michaux
Désolé, mais l’attitude de ces gens-là me laisse perplexe. Ce monsieur, diplômé universitaire, a un poste depuis trois ans et gagne donc de l’argent d’une façon régulière. On peut donc imaginer que ce n’est pas la pénurie de sous qui l’empêche d’acheter ses ebooks. Il croit pouvoir se défendre en allégant qu’il achète régulièrement les versions papier des livres qu’il a aimés en numérique. Argument que j’ai déjà entendu tant de fois que cela me semble relever plutôt du domaine du réflexe que de celui de la réflexion. Admettons pourtant que cela soit vrai, qu’est-ce qu’on fait pourtant des textes parus uniquement en numérique, comme ceux de Numériklivres, par exemple, ou d’Edicool ? Est-ce qu’il faut l’imaginer qui imprime ces textes et verse l’argent correspondant sur le compte de ces éditeurs ? J’ai comme un doute là-dessus.
Si je peux vous donner un conseil, cher Hadrien, faites honneur à votre diplôme, commencez à réfléchir et soutenez les auteurs et leurs éditeurs. Parce que j’imagine que votre patron, ce n’est pas le roi de Prusse, non ?
On peut comprendre (et non admettre) le piratage d’oeuvre que le ne trouve pas à acheter en version numérique.
Mais ce témoignage me laisse perplexe : 25 ans, travaillant depuis 3 ans, n’a pas de carte bancaire… Il dit acheter tous les ouvrages qui lui ont vraiment plu en numérique au format papier, mais si l’on décortique, cela fait juste 1 an qu’il lit en numérique, et encore, seulement dans les transports en commun, le reste est lu en version papier chez lui; donc on peut simplement considérer qu’il lit 1 livre sur 2 sur sa liseuse (la 2ème déjà!!). Soit 12 livres lus en numérique, sur ces derniers (il dit lui même qu’il a découvert DES auteurs) combien en a-t-il acheté??? Sachant qu’il a commencé par télécharger un pack de 2100 puis qu’il télécharge régulièrement…
Bref, un article étonnant et propos qui s’éloignent des « habitudes » des grands lecteurs et des « pirates » de livres numériques….
Pour ma part, je lit également 2 à 4 livres par mois (sans me considérer grand lecteur!), mon budget livre et culture a légèrement augmenté ces dernières années et pourtant, je n’ai pas acheté un seul livre numérique, tous ont été récupérés illégalement! Pourquoi ?? c’est très simple, payer 16€un livre numérique que je dois mettre dans un logiciel spécifique pour pouvoir le mettre dans ma liseuse, avec des problèmes d’incompatibilité, et surtout, quand je lis les conditions d’utilisation, je ne peux ni prêter, ni donner, ni revendre mon « livre » car j’ai juste un droit d’utilisation du fichier… (sans compter le nombre plus que conséquent d’ouvrages numériques avec ces restrictions qui sont plus chers que la version papier…).
Je rémunère les auteurs en achetant les ouvrages papiers comme d’habitude, mais l’offre numérique illégale me permet de lire beaucoup plus qu’avant! Et si je ne « piratais » pas, je ne dépenserais pas plus donc aucune perte pour les auteurs et autres.