Les usages du livre numérique en Belgique : résultats de la première enquête IPSOS/PILEn
Le PILEn a présenté ce lundi 10 juin la première observation des marchés numériques du livre en Belgique. Les objectifs de cette étude réalisée par IPSOS étaient de mesurer l’attractivité du livre numérique, d’évaluer le développement des marchés du livre en ligne et d’estimer le budget moyen consacré à l’achat de livres.
Menée auprès d’un échantillon de lecteurs belges francophones ayant lu au moins un livre par an, cette enquête a le mérite de présenter les grandes tendances du livre numérique en Belgique et révèle que :
- 4 lecteurs sur 10 ont lu un livre numérique en 2012
C’est en effet ce qu’affirment 40% des personnes interrogées. Parmi ceux-ci, 2% du lectorat privilégie une lecture exclusivement numérique. On peut donc noter que la lecture de livres dématérialisés n’est désormais plus une activité marginale. Sur la base d’un taux de lecteurs de 62%, la pénétration du livre numérique au sein de la population belge francophone avoisine les 26%.
- la part des livres achetés parmi les livres lus est plus faible pour les livres numériques que pour les livres imprimés
Le livre numérique est encore fortement lié à la culture du gratuit, comme en témoignent les chiffres ci-dessous. Ainsi, 51% des livres de littérature générale ont été achetés, le reste a été téléchargé ou consulté gratuitement.
- 2 livres sur 10 sont achetés en numérique
C’est ce qu’il ressort des déclarations des sondés qui consacrent en moyenne un budget mensuel de 11,4 euros aux livres numériques tandis que leur budget moyen mensuel pour l’achat de livres imprimés est de 24,6 euros. Philippe Goffe, libraire et président du PILEn précise : « Cette différence entre les deux paniers d’achat n’est guère étonnante, il y a une une forte part de téléchargement gratuit dans le livre numérique et beaucoup de prix très bas. A la différence, le budget moyen pour les livres physiques prennent rarement en compte les livres achetés chez les bouquinistes par exemple. »
- 1/3 des lecteurs interrogés achètent des livres en ligne
La proportion de lecteurs qui achètent des livres en ligne est particulièrement interpellante. C’est la première fois en Belgique que l’on obtient des chiffres à ce sujet. Martine Garsou, directrice du département du Service général des Lettres et du Livre, explique : « Au vu de ces chiffres, la part de marché des grands acteurs comme Amazon est inquiétante. Elle justifie fortement toutes les démarches que nous menons pour faire en sorte que nos librairies puissent avoir une part de ce nouveau marché ». Quant à Philippe Goffe, il souligne l’importance que gagnent les grands acteurs tels qu’Amazon tant sur le plan physique que numérique et leur volonté de déplacer le pouvoir vers l’aval de la chaine en s’assurant un contrôle sur les prix et les contenus. « Il s’agit d’un débat de civilisation, dont le prix unique du livre nous a protégé pendant longtemps. Il est important que la profession garde la main-mise sur le prix et le contenu car sinon l’ensemble de la chaine en souffrira y compris l’auteur. »
- Du PDF plus que de l’ePub
Le lecteur belge privilégie une lecture de livres numériques téléchargés au format PDF, ce qui explique qu’ils soient 71% à utiliser un ordinateur comme appareil de lecture. Suivent par ordre d’importance les tablettes numériques, les smartphones et les liseuses. Le Belge a donc déjà pris l’habitude de consulter des livres dématérialisés même s’il n’est pas encore équipé pour une lecture mobile. Philippe Goffe ajoute : « Il me semble normal et, cela apparait clairement ici, que le premier usage du numérique soit la consultation. On s’en rend bien compte dans les genres de livres plébiscités au format numérique, le public privilégie des contenus techniques comme les sciences, l’économie ou le droit en numérique « .
Martine Garsou conclut : « Depuis 2010, la Fédération Wallonie-Bruxelles a engagé une politique en faveur du livre numérique et de la numérisation du patrimoine. Cette enquête confirme l’opportunité et la nécessité de tenir compte du développement du livre numérique. On peut désormais constater à quel point le marché évolue vite. »
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— Stéphanie Michaux
Les jeunes ont un rapport particulier aux technologies numériques comme nous l’avons vu dans un précédent billet . Consommation simultanée de plusieurs médias, lecture sur écran, désir de conversation et de partage… les jeunes appréhendent les médias de façon spécifique. Le développement de ces nouvelles pratiques laisse penser que cette population va d’autant plus facilement se tourner vers la lecture de livres numériques. Mais attention, le livre numérique ne va pas faire disparaître le livre papier: 65% des français âgés de 15 ans et plus sont tout à fait d’accord pour dire que le livre papier restera toujours le principal support du livre ( Ipsos ).