Les enjeux du prêt de livre numérique en bibliothèques, entre craintes et enthousiasme
Ce mardi 3 septembre, les professionnels belges du livre étaient rassemblés au Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour aborder les enjeux du prêt du livre numérique dans les bibliothèques. L’occasion pour chacun des acteurs de la chaine du livre de présenter leur position et leurs points d’attention.
Après une introduction par Martine Garsou et une nouvelle présentation du projet PNB Dilicom, les représentants des différentes professions se sont tour à tour exprimés sur leurs attentes et leurs craintes quant à cette évolution attendue.
Les bibliothécaires tout d’abord, par la voix de Jean-Marie Fuëg, ont tenu à rappeler leur grande sensibilité pour le livre numérique. Des expérimentations et des projets sont en effet déjà à l’œuvre dans différentes bibliothèques publiques de Bruxelles et de Wallonie, allant du prêt de liseuses à l’abonnement à une offre en streaming. Décidées à œuvrer conjointement, les bibliothèques recherchent une solution de prêt qui s’intègre dans les politiques des catalogues, souple et facile à manier pour les lecteurs.
Quant aux libraires, représentés par Philippe Goffe, ils mènent depuis longtemps une réflexion sur le numérique et entendent mettre en place une solution qui permettrait de fédérer l’ensemble des librairies indépendantes. Après avoir étudié les différents modèles existants, les librairies présenteront prochainement à la Fédération Wallonie-Bruxelles un rapport avec leurs conclusions.
L’ADEB, l’association des éditeurs, a surtout tenu à rappeler que la priorité dans ce dossier était d’éviter toute déstabilisation des métiers et des compétences de la chaine du livre. Elle demande pour sa part une concertation entre les différents acteurs concernés. Espace Livres et Création se dit enthousiaste pour un projet de prêt tel que le projet PNB mais s’interroge sur le système commercial qui semble manquer de clarté.
Enfin, Frédéric Young, pour la SACD-SCAM, a insisté sur les priorités légitimes des auteurs telles que l’accessibilité de leurs œuvres aux lecteurs, le maintien d’une articulation entre les différents acteurs du livre adaptée au prêt de livre numérique et la nécessité d’éviter la destruction de sources de revenus. Sylvie Godefroid de la SABAM a cloturé cette matinée en insistant sur l’importance de ce débat qui suscite aussi bien l’attention que l’inquiétude des auteurs.
À l’issue de cette matinée, tous les acteurs se sont accordés sur la nécessité de travailler de concert pour garantir une offre de prêt réfléchie et fédérée. Il y a en effet fort à parier que la solution prônée impliquera l’ensemble des acteurs qui devront s’accorder au préalable. Un groupe de travail restreint sera prochainement mis en place dans ce but.
Le temps est un facteur-clé de ce dossier. Les pratiques liées aux livres numériques ne cessent de se développer et les utilisateurs s’attendent à ce que les bibliothèques s’adaptent elles aussi. Pour que les bibliothèques puissent poursuivre leurs missions à l’heure du numérique et proposer des solutions faciles d’accès à leurs usagers, il faudra pourtant que toute la chaine du livre belge œuvre conjointement.
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— Stéphanie Michaux