Les bibliothèques flamandes (presque) à l’heure digitale
Le réseau de bibliothèques publiques flamandes s’apprête à mettre des titres numériques à disposition de ses lecteurs…
Bibnet travaille à ce que les bibliothèques de Flandre continuent à apporter de la valeur à leurs lecteurs, et ce même à l’ère digitale. Dans ce cadre et à l’instigation de Joke Schauvliege, la ministre flamande de l’environnement, de la nature et de la culture, un projet-pilote de prêt numérique est en cours de lancement. Environ 200 communes (et donc les bibliothèques publiques qui ont élu domicile sur leur sol) y prennent part. Un catalogue de 300 livres attendra ses lecteurs dès avril 2014. Une application, pour Apple comme Android, permettra aux affiliés de télécharger et de lire l’un de ces livres pendant toute la durée du prêt, c’est-à-dire quatre semaines. Tout abonné pourra donc lire un livre préalablement installé sur son Kindle, sa tablette, voire son smartphone, bref sur son engin de lecture numérique, et ce même loin de toute connexion. On espère ainsi que les lecteurs de tous âges jugeront la lecture numérique aussi pratique qu’agréable.
Certaines bibliothèques voient là une occasion de ne pas (trop) se laisser dépasser par la technologie. Elles s’équipent de tablettes, d’un accès WIFI, d’ordinateurs. L’initiative requiert bien sûr une certaine mobilisation de leur part. Notons cependant que les lecteurs participent eux aussi quelque peu aux frais puisqu’ils s’affilient à leur bibliothèque et paient pour leur emprunt, comme on le fait pour un livre en papier. Plus ou moins directement, les lecteurs et les pouvoirs publics en Flandre accompagnent ainsi le réseau de bibliothèques publiques à la rencontre du livre numérique.
Cette avancée paraît se faire dans le plus grand respect des éditeurs et des libraires. Le service de presse de Joke Schauvliege souligne ainsi que les livres choisis pour faire partie du catalogue de prêt ne sont pas les derniers sortis de presse : cela ferait concurrence aux librairies, qui doivent pouvoir s’en réserver la primeur. Aussi, télécharger via une application – plutôt que via un site par exemple – limiterait le risque de piratage, pour le plus grand soulagement de toute la chaîne du livre, à commencer par l’auteur et son éditeur. Le prix – cinq euros pour trois titres – a d’ailleurs été déterminé en collaboration avec les éditeurs.
D’accord, le projet en est à ses (tout) débuts. Reste à voir ce qu’il en adviendra sur le terrain : les rats de bibliothèques seront-ils séduits? Trouveront-ils leur bonheur dans ce catalogue ? Auront-ils plaisir à lire sur écran ? Cependant, ce projet nous apprend peut-être déjà quelque chose : il semble témoigner d’une prise de conscience, voire d’une volonté des pouvoirs publics de mettre la lecture en Flandre à l’heure numérique, pour tous et dans le respect de tous les acteurs du livre. Peut-être peut-on aussi voir le projet de recherche «Uitgeverij van de toekomst» dont nous parlions en décembre 2013 comme participant de cette même envie d’adaptation. Dans les mois à venir, la mise en pratique de ce projet-pilote, son devenir et sans doute ses itérations se révéleront probablement intéressantes!
Crédit photo: datanews.knack.be
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— Sibylle Greindl