Quand le numérique sert de trait d’union entre les politiciens et leurs électeurs
En 2012, à l’approche des élections, l’équipe de la maison d’édition numérique L’Aurore (devenue entre temps Bebooks) décide de marquer le coup pour sa première publication. Ils mettent sur pied un livre numérique et l’associent à une plateforme participative. Leur but : faire sortir les discours politiques de leur tour d’ivoire en donnant à la fois la parole aux présidents des 4 grands partis en Wallonie et à Bruxelles tout en permettant aux internautes d’aller leur poser des questions sur une plateforme participative. Sur la série de questions, une quinzaine d’entre elles sont sélectionnées et proposées aux chefs de partis.
Nous avons rencontré Julien de Marchin, responsable éditorial chez Bebooks, qui nous a expliqué la démarche que la maison d’édition avait suivie à l’époque.
« En 2012, un livre comme celui-là était un projet encore très novateur. 4 points de vue et des réponses croisées à des questions posées par les internautes, on n’avait pas vu cela souvent. Pour nous, c’était également une formidable carte de visite. C’était d’ailleurs notre première vraie publication. Nous venions de lancer notre maison d’édition numérique et c’est un projet qui, il faut bien l’avouer, s’est un peu fait au bluff. En effet, contacter les partis et obtenir d’eux un texte inédit et des réponses à une série de questions n’était pas quelque chose de simple. L’histoire ne le dit pas mais nous avons joué un coup de poker en disant à chacun des partis que les autres avaient accepté et qu’on ne pouvait envisager la sortie du livre sans eux, et finalement, tout le monde a accepté de participer. »
Ventes et impact de l’ouvrage
» Il est vrai que les ventes n’ont pas été mirobolantes mais en 2012, et d’ailleurs toujours à l’heure actuelle, les ventes des livres numériques ne sont pas aussi bonnes que celles des livres papier. Mais pour nous, ce livre a constitué une formidable carte de visite, il a bénéficié d’un bon soutien par la presse écrite et radiophonique. Ce soutien était important puisque le projet ne pouvait avoir de sens que si les gens en entendaient parler. Il faut d’ailleurs souligner que c’est grâce à notre intervention en radio que nous avons récolté la majorité des questions posées par les internautes. Le formulaire est d’ailleurs toujours disponible ici. «
La version papier
« L’idéal aurait été de pouvoir sortir une version papier en même temps que la version numérique. Malheureusement, certains partis ont mis une éternité à rédiger leur texte et lorsque tout était enfin fini (NDLR : le 28 septembre pour les élections du 14 octobre), il était beaucoup trop tard pour produire des versions papier. Néanmoins, les textes ont continué d’appartenir aux partis et certains d’entre eux envisageaient de publier le leur sur leur site. »
Elections 2014, pourquoi ne pas avoir réitéré le projet ?
« La première raison est sans aucun doute le manque de temps. Ce fut un projet très énergivore et pour lequel on a beaucoup attendu. Effectivement, on aurait pu reproduire un tel ouvrage parce que la première fois, certains partis ont vraiment joué le jeu tandis que d’autres, malheureusement, sont restés dans les discours politiques traditionnels avec des chiffres et des tableaux. De plus, on l’a su par après mais certains textes ont été rédigés par des stagiaires ou l’assistant de l’assistant du chef de parti. Cela aurait peut-être été un ouvrage intéressant à reproduire mais Bebooks est sur d’autres projets actuellement, pour l’Académie Royale de Belgique et les Archives de l’Etat, nous avons préféré nous concentrer là-dessus. »
Serait-il envisageable que Bebooks intègre dans sa ligne éditoriale des livres de parti ou des monographies d’hommes politiques ?
« Le Printemps wallon avait pour vocation de cartographier le paysage politique wallon à une époque et avant des élections. On nous avait aussi demandé pourquoi les partis plus petits n’avaient pas été sollicités, peut-être par question de facilité. Nous avions tranché et décidé de n’inviter que les quatre principaux. En tout cas, dans l’état actuel des choses, nous ne pourrions envisager de ne donner la parole qu’à l’un ou l’autre parti. Nous n’avons pas de couleur politique et voulons rester neutres, en tout cas, en tant que maison d’édition. Un tel choix de ligne éditoriale entraine une série de conséquences et nous préférons ne pas nous engager dans cette voie. »
Propos recueillis par Vincianne D’Anna
Le Printemps wallon et bruxellois est toujours en vente ici :
– http://www.amazon.fr/dp/B009HQ0KG2
– https://itunes.apple.com/fr/book/id566263615
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— Vincianne D'Anna