La numérisation des collections de la Bibliothèque royale de Belgique
À la Bibliothèque royale de Belgique, le travail de numérisation n’est pas une nouveauté puisque le processus a été enclenché il y a déjà près de 10 ans.
La presse quotidienne
Ce sont les journaux qui ont eu l’honneur d’être numérisés en premier lieu. En effet, ces matériaux, ô combien fragiles, constituaient pourtant des sources majeures pour les historiens, les journalistes et tout citoyen curieux. Considérés comme des mines d’or d’informations à sauvegarder et à diffuser, ces 70 titres parus entre 1830 et 1950 ont donc été numérisés, océrisés et enrichis de métadonnées entre 2005 et 2012. Cela signifie que l’on ne s’est pas contenté de numériser les documents sous la forme de photocopies numériques mais que l’on a créé des documents qui permettaient d’automatiser la recherche dans le texte. Ainsi, ce sont à peu près 4 millions de pages qui sont désormais accessibles et qui révolutionnent l’exploitation de ces fonds. « Les droits d’auteur ont été le principal problème rencontré lors de ce grand chantier de numérisation. » nous explique Frédéric Lemmers, responsable de la numérisation. « En effet, il ne nous est pas possible de les publier en ligne sans avoir au préalable obtenu l’autorisation expresse des ayants droit. Or, les articles sont parfois signés par des initiales ou des pseudos et résoudre ce problème des ayant-droits serait non seulement un travail titanesque mais également totalement infinançable. Nous avons donc dû opter pour la consultation en salle de lecture. Nous sommes conscients du paradoxe puisqu’au départ, la numérisation voudrait que la consultation soit possible en tous lieux et tous temps, malheureusement, actuellement, nous ne pouvons pas faire autrement. »
L’exemple de la musique dans les collections de la Bibliothèque royale
Pour la musique, de nombreuses sources très intéressantes ont également été numérisées. C’est le cas notamment du Guide musical publié sans interruption entre 1865 et 1917, qui constitue une source majeure en ce qui concerne le rayonnement de la vie musicale en Europe et en Belgique. « C’était un hebdomadaire très demandé par nos lecteurs et dont l’état de délabrement est tellement avancé mais qui était dans un état de délabrement tellement avancé qu’on avait été décidé de ne plus le mettre à la disposition du public. Dans ce cas précisément, notre mission consistait à la fois à la sauvegarde de ce patrimoine mais aussi à la diffusion et la promotion de nos collections. Aujourd’hui, nous pouvons à nouveau proposer, avec une possibilité de recherche calendrier et en plein texte, cet hebdomadaire d’environ 65 000 pages » nous explique Frédéric Lemmers.
Le deuxième objectif de notre politique de numérisation consiste à réaliser une vitrine de la diversité du patrimoine conservé dans les collections. « Effectivement, on peut trouver sur Belgica (Bibliothèque numérique de la Bibliothèque royale de Belgique) de l’iconographie, de la musique imprimée, des carnets, des dédicaces mais aussi des enregistrement sonores, et tout ces documents sont libres de droit donc accessibles de n’importe quel ordinateur dans le monde pourvu d’une connexion. »
Les trésors numérisés
Des sources plus prestigieuses ont également été numérisées dans le but de les exposer à plus grande échelle, c’est notamment le cas du Deutsche Brüsseler Zeitung, dirigé par Karl Marx quand il était à Bruxelles ou du Vlaemsch België, premier quotidien flamand dans la capitale.
Le futur proche de la numérisation à la KBR
Prochainement débutera une seconde phase de numérisation. Elle va s’étaler sur les quatre années à venir pendant lesquelles il est prévu que la Bibliothèque royale numérise des imprimés du 19e et 20e siècles fragilisés et menacés d’auto-destruction. C’est le cas d’imprimé courants et de musique imprimée, mais aussi d’une deuxième série de journaux puisque les 70 déjà traités ne sont qu’une infime partie des 2000 quotidiens que l’on peut trouver à la Bibliothèque royale. Seront numérisés également des ouvrages anciens et précieux publiés avant 1800, essentiellement la collection musicale et prestigieuse de François Joseph Fétis, compositeur, critique musical et musicographe belge qui a cédé sa bibliothèque personnelle à la KBR et que l’on retrouve aujourd’hui sous le nom de « fonds Fétis ». Pour cette collection qui comprend un millier de références, le but de la numérisation était davantage lié à l’intérêt mondial qu’elle peut susciter qu’à l’état de fragilité dans lequel elle se trouve.
V. D’Anna
— Vincianne D'Anna