Artelittera, une offre de chapitres à la carte désormais accessible aux bibliothèques universitaires
Nous sommes au deuxième quadrimestre et, pour les étudiants de dernière année, c’est l’ultime ligne droite pour la rédaction de leur mémoire. Artelittera, site Web qui propose la vente de chapitres de livres, pourrait bien être la solution afin d’avancer rapidement dans la recherche d’informations et aller directement à l’essentiel sans être obligé de lire des dizaines d’ouvrages en entier ! Depuis peu, Artelittera offre également son catalogue aux bibliothèques universitaires, grâce à la librairie internationale Dawson. Lettres Numériques a rencontré Chantal Vieuille, directrice d’Arteliterra, pour en savoir plus.
En 2010, Artelittera, jeune start-up française, met en place son projet et propose le téléchargement de chapitres aux utilisateurs du site. Deux ans plus tard, en 2012, le directeur de Dawson France, Ludovic Lautussier, contacte Chantal Vieuille en lui faisant part de son intérêt pour le concept de la vente au chapitre. Un partenariat naît entre deux entités distinctes, à savoir Dawsonera, portail destiné aux bibliothèques universitaires, et Artelittera, site avant tout dédié au public. Les négociations ont été faciles d’un point de vue théorique mais, au niveau technique, ce fut plus compliqué, la question étant de savoir comment intégrer les chapitres sur Dawsonera en tenant compte des prérogatives des éditeurs. « Durant toute l’année 2013, nous avons essayé de résoudre le problème. Le contrat fut signé au milieu de l’année 2014 et la technologie mise au point en juillet de la même année » explique Chantal Vieuille.
Les éditeurs participant à l’initiative furent d’emblée satisfaits de leur présence sur les deux plateformes. « Mais quel intérêt de proposer des ouvrages à la fois complets et fragmentés en chapitres allez-vous me dire ? La réponse est simple : cela répond à des usages spécifiques de lecteurs qui sont chercheurs, étudiants, professeurs, etc. Les lecteurs sont de plus en plus à l’aise avec le format numérique et se dirigent directement vers le texte qui colle à leurs recherches. La vente au chapitre permet d’affiner ces recherches », observe Madame Vieuille.
D’après la directrice d’Artelittera, ce discours est bloquant pour les bibliothèques qui ne sont pas toujours au courant que le chapitre est une ressource documentaire légale. On touche là, selon Madame Vieuille, à l’intégrité de la lecture. Certains sont encore persuadés que les chercheurs et étudiants qui rédigent un mémoire ou une thèse lisent de manière intégrale les ouvrages qui traitent du sujet abordé. « Or, c’est faux ! Dans le cadre de travaux de ce type, la lecture est fragmentée car il est impossible de lire en entier tous les livres qui font référence au domaine étudié » insiste Chantal Vieuille. « Ces travaux sont bien plus exigeants qu’auparavant. Il faut donc aider les étudiants à trouver les références appropriées. »
Actuellement, vingt éditeurs participent à l’initiative mais d’autres vont bientôt arriver. « Nos contacts sont épaulés par Dawson mais il faut encore convaincre certains éditeurs » poursuit Chantal Vieuille. Pour l’instant, très peu d’éditeurs belges proposent les chapitres de leurs livres sur Artelittera, mis à part De Boeck qui présente avant tout des ouvrages scientifiques coûteux dont un ou deux chapitres sont disponibles en accès gratuit.
Au niveau technique, les chapitres sont disponibles en version PDF car c’est un format mondialement partagé, lisible sur tablettes et liseuses, selon Chantal Vieuille. « Les fichiers ne sont pas protégés car la question du piratage n’a pas vraiment de sens. Pirater un chapitre ? Aucun intérêt. » Il y a cependant certaines contraintes : l’utilisateur ne peut télécharger le document qu’une fois et l’imprimer trois fois maximum. Pour les bibliothèques universitaires, les achats sont pérennes grâce à un système de crédits.
Certains chapitres sont gratuits (sommaire, préface, introduction, bibliographie) mais de manière générale, ils sont au prix de 2€ peu importe le nombre de pages qu’ils contiennent. Les ouvrages complets vendus à partir de 50€ passent quant à eux à 5€ le chapitre. Chantal Vieuille explique : « C’est la spécificité de notre plateforme. Le prix d’un chapitre n’est pas négociable pour l’éditeur. » Le prix est une valeur éthique à laquelle la directrice d’Artelittera tient car un contenu de savoir doit être validé par un éditeur. Il est donc logique que ce contenu ait un prix symbolique afin d’en permettre la régulation.
Quid de la rémunération des éditeurs ? « Nous signons un contrat de distribution avec l’éditeur que nous rémunérons par un système de 50/50 où il perçoit 50% sur le prix de 2€ TTC. Avec Dawsonera, voici comment nous fonctionnons : 1/3 pour l’éditeur, 1/3 pour Artelittera et 1/3 pour Dawson sur le prix de 2€ TTC » détaille Chantal Vieuille.
« Nous avons défini un modèle qui permet d’améliorer les usages des utilisateurs. Grâce à Dawsonera, nous avons également accès à un marché de bibliothèques académiques, notamment en Afrique. » Chantal Vieuille est enthousiaste vis-à-vis de l’initative : « Nous nous trouvons dans une phase montante avec un public constitué de profils variés et pas seulement d’étudiants. La moyenne d’âge est de 40 ans et nous avons remarqué que des professeurs à la retraite venaient s’approvisionner sur notre site. Je trouve également intéressant de souligner que nous avons plus de femmes que d’hommes qui téléchargent. Une chose est donc certaine : les gens continuent à se documenter ! »
Le nombre de chapitres ne cesse de croître de manière exponentielle sur Artelittera, de quoi vous permettre de trouver votre bonheur si vous êtes à la recherche d’informations précises.
Artelittera sera présent au Salon du Livre de Paris au stand T80.
À relire sur Lettres Numériques :
Retrouvez Lettres Numériques sur Twitter et Facebook.
— Gaëlle Noëson