Le Canada, Terre promise pour le numérique ?
Après avoir évoqué l’Amérique Latine, l’Allemagne ou encore la Grande-Bretagne, Lettres Numériques fait cette semaine le point sur le marché de l’ebook au Canada, pays où l’on retrouve de grands noms tels que Kobo ou De Marque et qui a bel et bien adopté le numérique.
Le numérique bien implanté au Canada
L’association BookNet Canada vient de publier son bilan sur le marché du livre numérique au Canada pour 2014, auquel 70 maisons d’édition de toutes les tailles ont participé. Celui-ci, en plus d’offrir une vue d’ensemble du marché canadien, permet également d’établir une comparaison entre l’année 2013 et l’année 2014. En conclusion générale, on retient que la grande majorité des éditeurs canadiens sont aujourd’hui présents en numérique (91 % des petites maisons, 100 % des grandes). Parmi ceux présents sur le marché, 24 % ont déjà numérisé plus des trois quarts de leur catalogue. Cet engouement pour le numérique s’explique principalement par un désir d’augmenter ses ventes, mais également par une volonté de répondre à la demande des lecteurs. Si les ventes se font majoritairement via les sites de revendeurs, on notera toutefois que 66 % des éditeurs proposent aujourd’hui l’achat de leurs ebooks en vente directe sur leur site.
Cette adoption indéniable du numérique s’est accompagnée de la création de bon nombres d’entreprises spécialisées dans le domaine et qui sont aujourd’hui reconnues à l’échelle internationale.
Le berceau de grand acteurs du numérique
Si les États-Unis comptent, entre autres, trois des géants du livre numérique (Amazon, Google et Apple), le Canada n’est pas en reste. En effet, le pays compte l’un des acteurs majeurs en matière de vente d’ebooks et de liseuses, à savoir Kobo, entreprise basée à Toronto et qui appartient depuis 2012 au groupe japonais Rakuten. À l’heure actuelle, Kobo peut se targuer d’une influence non négligeable avec environ 20 millions d’utilisateurs dans plus de 190 pays.
Autre groupe non négligeable : De Marque, entreprise spécialisée dans la distribution et la diffusion de contenus culturels numériques et notamment présente en France, en Italie et, bien entendu, au Canada. La société, fondée il y a plus de 20 ans, a acquis une expérience et une expertise qui font d’elle un acteur incontournable dans le milieu numérique.
Le numérique comme outil pour l’enseignement, une évidence pour les Canadiens ?
Toujours selon le rapport de BookNet Canada, 100 % des éditeurs spécialisés dans l’enseignement sont aujourd’hui présents en numérique. Régine Barat, fondatrice de Contalyre, association belge dont le but principal est de donner le goût de la lecture aux enfants en utilisant tous les moyens à disposition, s’est récemment rendue à Montreal afin d’assister au 3e Sommet de l’iPad et du numérique en éducation et nous a fait part de ses observations sur l’intégration des nouvelles technologies dans le système scolaire canadien. Selon elle, il existe des différences flagrantes et indéniables entre la Belgique et le Canada, à commencer par une plus grosse mise en réseau des personnes concernées par le numérique et donc un échange d’informations plus important. L’enseignante de formation remarque également qu’en matière de cyberapprentissage, les Canadiens ont une longueur d’avance sur nous. Une tendance confirmée par les propos de Glenn O’Farrell, président et chef de la direction du Groupe Média TFO, entreprise spécialisée dans l’apprentissage de la langue française au Canada : « Aujourd’hui, 67 % des éducateurs et des parents jugent que le cyberapprentissage est une composante importante ou très importante de l’éducation moderne. L’importance grandissante de la technologie en salle de classe a des avantages et des répercussions que les parents, autant que les enseignants, doivent soupeser » (février 2015). Le groupe a également mis en place le forum bilingue Les tablettistes, dont l’objectif est de relayer les informations relatives au numérique et à l’enseignement et d’aider les enfants dans leur apprentissage quotidien.
Et si les Canadiens utilisent les ebooks, ils utilisent également de plus en plus d’autres moyens d’apprentissage. On citera par exemple l’application Padlet, sorte de « mur blanc » virtuel collaboratif où chacun vient déposer ses idées et ses réponses sur un thème précis. Selon Régine Barat, le dynamisme et l’interactivité des nouvelles technologies sont cruciales pour les enfants, qui peuvent parfois se décourager face aux livres et aux méthodes plus traditionnelles.
En conclusion, le numérique, en plus d’avoir trouvé son (ses) public(s) au Canada, s’est intégré naturellement dans plusieurs domaines et semble être là pour durer.
Pour consulter le rapport complet de BookNet Canada, rendez-vous ici.
À relire sur Lettres Numériques :
- L’Allemagne face au livre numérique : du scepticisme à la mise en place d’une plateforme nationale
- Le marché britannique de l’ebook
- L’Amérique latine, eldorado des livres numériques ?
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— Mélissa Haquenne