Un pavé sur le petit écran
Les gens lisent sans arrêt, et c’est à cause du téléphone.
C’est le très sérieux « Wall Street Journal » qui reprend cette affirmation et qui l’appuie par des chiffres.Entre 2012 et 2014, la proportion de lecteurs lisant au moins une partie du temps sur leur téléphone est passée de 24 à 54%. Dans le même laps de temps, rapporte la même étude de Nielsen, la proportion d’adeptes du Nook et autres liseuses est passée de 50 à 32%.
Une foule croissante a toujours son téléphone en poche, même quand elle fait la file à la poste ou quand son bus est bloqué par des travaux. Le petit engin a le grand mérite de pouvoir contenir bien plus de livres qu’une poche ou un sac à main. Suprême raffinement de la technologie, les marques-pages peuvent être synchronisés sur le compte d’une même personne à travers tous ses supports de lecture numérique, tablettes ou liseuses. Les grands écrans, avec les phablettes par exemple, ont le vent en poupe et on ne se brûle plus nécessairement les yeux sur le petit écran.
C’est ce qui rend le téléphone incontournable pour un nombre croissant de lecteurs. Les éditeurs sentent le vent tourner. Certains d’entre eux adaptent la voilure, encourageant par là-même toujours plus la lecture sur le téléphone. Amazon, par exemple, a mis au point son application Kindle téléchargeable sur le premier smartphone venu. Moins grand public mais révélateur tout de même : Simon & Schuster, l’éditeur, travaille avec Foli (géolocalisation, service aux voyageurs) pour fournir le bon livre au bon endroit. Le 15 mai 2015, les passagers de 50 aéroports américains pouvaient se plonger dans « The Wright Brothers », l’histoire des frères aviateurs – bien dans le ton de l’endroit où on lit. La liste d’endroits et de lectures s’allonge, comme les potentialités de cette combinaison en termes de visibilité pour les auteurs, de modèle de revenus et de publicités pour les éditeurs et leurs partenaires.
Auprès de quels lecteurs, ou de quels moments de lecture, cette évolution trouvera-t-elle un écho? Jusqu’ici, la lecture sur téléphone est une lecture par défaut. On y lit en s’apprêtant à être distrait et interrompu. Mais il n’est pas dit non plus que seul les lectures courtes trouveront des lecteurs sur le téléphone. Les plus hardis ont déjà dévoré Guerre et Paix sur le petit écran, pris par leur lecture et parce que c’était un téléphone qu’ils avaient sous la main. Cependant, le jour où les mordus de lecture se contenteront de leur seul téléphone n’est pas encore venu non plus… Viendra-t-il un jour ?
Ailleurs sur la toile
Oyster (« lisez tout ce que vous voulez, pour un forfait ») explique à The Verge pourquoi il croit dans le téléphone. (En anglais)
Source photo : Gizmodo, The best device for reading is still the phone in your pocket.
— Sibylle Greindl