Collibris, une app de partage de lectures mais pas que…
Vous êtes un gros lecteur et vous tenez depuis des années des carnets qui recensent vos lectures ? Vous y notez le nom du livre, la date à laquelle vous l’avez lu, vos impressions ? Il existe désormais de nombreux moyens numériques gratuits d’actualiser l’usage de ce type de carnets.
Collibris est l’un d’entre eux. Application mobile utilisable également sur un ordinateur, Collibris vous permettra bientôt de prolonger et de partager l’expérience de lecture avec un ensemble de services. Vous pourrez non seulement flasher vos livres et enregistrer une série de commentaires et d’informations mais également partager vos lectures, créer votre bibliothèque ainsi qu’une pile virtuelle de livres et, peut-être le plus intéressant, vous voir proposer une sélection de nouvelles lectures qui pourraient également vous plaire.
Nicolas Saubin et Paul Roy, un entrepreneur et un développeur, ont lancé leur start-up en janvier 2015 après avoir remporté deux prix au Pôle Étudiant pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreunariat (Grenoble).
Actuellement, l’app est toujours en phase de test avec un échantillonnage d’utilisateurs et une version alpha mobile. Ils prévoient de lancer la version officielle de l’application pour le grand public au mois de novembre.
Collibris et L’ivre de lire
Collibris entend prolonger le partage de lecture au-delà des fonctions de l’application. « Nous avons été approchés par un webzine littéraire, L’ivre de lire (près de 17 000 abonnés sur Facebook) qui était très intéressé par le projet. Nous avons donc décidé de fusionner. Désormais Collibris et L’ivre de lire partagent sur le même blog bon nombre d’infos. Notre collaboration est très fructueuse et enrichissante. Nous avons par exemple donné un coup de jeune au concours de critiques de livres et accentuant le côté « concours ».
Business Model
Collibris, on l’a dit, est une application gratuite, et ses fondateurs précisent que leurs clients, c’est-à-dire ceux qui vont subvenir aux besoins financiers d’une telle application, sont en réalité les éditeurs et d’ici un futur plus ou moins proche, les libraires. Ainsi, on comprend qu’une fois de plus, nous sommes face à une application qui, en permettant à l’utilisateur de mettre de l’ordre gratuitement dans ses données personnelles, se rémunère en contre-partie à l’aide de données collectées. Ces données sont ensuite revendues aux éditeurs sous la forme d’études de marché. Le but de telles études sera d’analyser le marché et de pouvoir en déceler les grandes tendances. Les fondateurs précisent également que ce type d’étude de marché sera particulièrement destiné aux éditeurs indépendants qui n’ont pas les moyens de commander des études de marché à grande échelle. Dans un second temps, les fondateurs de Collibris envisagent de s’associer aux libraires auxquels des données collectées pourraient également servir.
Les fondateurs de l’application insistent sur le fait que les données collectées ne le sont que dans le but de fournir des études de marché globales et que des données personnelles et individuelles ne seront jamais divulguées à des tiers.
La question qui ressort une fois de plus de l’analyse d’une telle innovation est liée à la protection des données. Devra-t-on continuer à utiliser nos carnets relevant d’un autre âge ou accepter une fois pour toutes l’idée de céder nos données personnelles à ceux qui tireront les ficelles d’un marché qui se fera, en contre-partie, l’écho de nos désirs les plus profonds ? Peut-être est-ce finalement ça la lecture ?
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— Vincianne D'Anna