Les tablettes braille : de nouveaux accès à la lecture pour les personnes malvoyantes

L’accès à la lecture a toujours été un combat pour les personnes atteintes de déficience visuelle. En effet, les livres en braille ou en gros caractères sont chers, peu répandus et encombrants. Mais l’arrivée du numérique a permis d’ouvrir le champ des possibilités et de développer de nouveaux outils de lecture pour les personnes aveugles et malvoyantes.

C’est un sujet que nous avions déjà abordé dans un précédent article. Le numérique contribue à faciliter l’accès à la lecture pour les personnes atteintes de cécité grâce notamment au livre audio (voir notre article sur le sujet), mais également à des innovations telles que le FingerReader (dont nous vous parlions ici) et le Top Braille. Cette fois nous nous intéressons aux innovations concernant les appareils de lecture braille. Alors comment fonctionnent-ils et quelles sont les dernières avancées technologiques ?

Des premiers appareils pour lire le braille

L’un des outils actuellement disponible est celui proposé par HIMS. Présenté sous la forme d’un clavier, il ne permet d’afficher qu’une seule ligne de texte à la fois. Les signes en braille sortent sous forme de « bulles » de manière électronique. L’appareil est conçu sur le même principe que celui des premières barrettes tactiles en braille apparues dans les années 1980. Grâce à une connexion au clavier des ordinateurs, elles ont rendu accessible le monde d’internet aux personnes aveugles.

Si les premiers appareils en braille s’avèrent très encombrants, les récents modèles sont plus compacts et tiennent même dans la main à l’image de la Smart Beetle de HIMS. De plus, ils peuvent se connecter avec une tablette ou un smartphone et proposent de nouvelles fonctionnalités comme une connexion WiFi, la possibilité de partager des fichiers via Dropbox ou encore des applications pour Facebook et Twitter. Malgré tout, le prix reste très élevé et donc peu accessible à tous  : 1 345 dollars pour ce modèle, soit environ 1 194 euros.

Vers une tablette braille démocratisée ?

À l’heure actuelle, les entreprises orientent leurs recherches vers un appareil proposé à un prix plus raisonnable et qui proposerait une lecture par page complète. C’est le cas en 2013 de l’entreprise anglaise Pera Technology qui crée son premier prototype permettant de lire une page à la fois et non plus ligne par ligne. Les symboles se forment sur l’écran de l’appareil grâce à des impulsions électroniques. Malheureusement, le projet s’est rapidement arrêté suite à un manque de financement.

En 2015, la première tablette en braille Blitab voit le jour en Autriche (voir notre article). La surface de l’écran affiche de petites bulles physiques qui montent et descendent sur demande, permettant l’affichage d’une page en braille entière sur la tablette. L’appareil peut convertir facilement n’importe quel texte via clé USB. Des pages web entières peuvent s’afficher en braille, mais des images ou même des cartes peuvent également apparaître grâce à cette technologie. Cette tablette devrait être commercialisée en septembre 2016, cependant le prix reste élevé puisqu’elle coûtera 2500 €.

Dernière avancée dans le domaine : des chercheurs de l’Université du Michigan ont présenté un projet de liseuse en braille accessible au plus grand nombre, la Mconnex. L’idée est d’utiliser une technologie basée sur l’utilisation pneumatique de l’air et de l’eau. Les « bulles » formant les symboles en braille se remplissent et se vident d’air et/ou d’eau en fonction de l’avancement de la lecture. C’est cette innovation technique qui rend possible son moindre prix (moins de 1000 dollars soit environ 920 euros). La Mconnex devrait également être commercialisée en septembre 2016, aux États-Unis dans un premier temps.

Un enjeu littéraire et culturel

Les enjeux d’une démocratisation de ses appareils sont très importants puisque la liseuse en braille permettrait à de nombreuses personnes d’avoir un meilleur accès aux textes littéraires mais également aux documents scientifiques. En effet, peu d’ouvrages scientifiques de référence sont traduits en braille. Il est donc très difficile pour les personnes malvoyantes de suivre une carrière dans ce domaine par exemple.

Notons toutefois que l’offre en bibliothèque s’agrandit chaque jour avec davantage de livres adaptés aux malvoyants aussi bien en braille qu’en version audio. Parmi ces bibliothèques spécialisées, l’on peut citer Bookshare, la BNFA ou encore la Ligue Braille. Mais même si l’offre est en constante augmentation, elle demeure encore faible en regard du nombre de documents publiés chaque année. Si la liseuse en braille est toujours en cours de développement, à terme elle pourrait révolutionner la lecture pour les personnes déficientes visuelles et ainsi améliorer leur vie quotidienne.

Elena Burgos

À lire dans notre dossier spécial « Handicap et numérique » :

• Outils et ressources numériques pour l’autisme
• Audio livres et accessibilité à tous
• Le numérique pour lutter contre la dyslexie
• Patrice Renaud : « Le numérique est indispensable pour les élèves en situation de handicap »

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— Rédaction