Les PUF se lancent dans l’impression à la demande
Les librairies ont souffert de l’arrivée du numérique notamment avec l’achat en ligne qui est devenu une pratique courante chez les lecteurs. Si certaines de ces librairies ont dû fermer boutique, d’autres ont tenu le coup et doivent aujourd’hui se réinventer afin d’attirer de nouveaux clients. C’est le cas de la librairie des Presses Universitaires de France. Après 10 ans d’absence, elle fait peau neuve avec l’installation de l’Espresso Book Machine. Retour sur cette innovation et son impact sur les librairies.
L’Espresso Book Machine s’installe aux PUF
L’Espresso Book Machine, késako ? Souvenez-vous : Lettres Numériques avait déjà évoqué le sujet dans un article consacré à l’impression à la demande ainsi qu’à l’occasion d’une visite dans la librairie ABC The American Book Center d’Amsterdam possédant l’une de ces machines (ici pour en savoir plus). Pour résumer, l’Espresso Book Machine (EBM) permet d’imprimer un livre à la demande en partant du fichier numérisé et ce, dans un temps record (entre 5 et 10 minutes seulement).
Si une cinquantaine de machines existent déjà à travers le monde, on peut en retrouver une depuis le 12 mars 2016 dans la nouvelle librairie des PUF. Après avoir fermé en 2006, ce célèbre lieu parisien se modernise en proposant désormais un espace café mais également, et surtout, une impression à la demande grâce à l’EBM.
L’EBM des PUF donne accès à deux catalogues :
- celui de On Demand Books qui est lié à toutes les EBM et propose 3 millions de titres dans toutes les langues. Google Books, Harper Collins et la Bibliothèque d’Alexandrie, entre autres, sont partenaires du projet ;
- celui des PUF qui regroupe 5 000 titres donc la collection « Que sais-je ».
Une expérience originale pour le lecteur
Pour repartir avec son livre sous le bras, rien de plus simple : le lecteur explore le catalogue proposé depuis une tablette numérique, peut feuilleter les ouvrages, ajouter une dédicace afin de personnaliser le titre, puis il valide l’achat et retrouve son livre papier 5 minutes plus tard, qu’il paye au même tarif qu’en librairie classique, grâce à la loi du prix unique.
Pour le lecteur, « la magie de cette machine réside dans le fait que l’on assiste à tout le processus de fabrication », nous explique Alexandre Gaudefroy, chargé de mission numérique pour les PUF. En effet, la machine étant transparente, le client a la possibilité de suivre en direct l’impression de son livre. L’expérience est donc originale et unique pour le lecteur qui se rend compte que « finalement il est possible d’obtenir un livre rapidement sans passer commande auprès d’Amazon ou autre », ajoute Alexandre Gaudefroy.
La première librairie européenne sans stock
La librairie des PUF constitue la première librairie européenne sans stock. En effet, les rares livres présents dans la boutique servent uniquement à l’exposition ou à la consultation et tous les ouvrages achetés sont forcément imprimés par l’EBM, contrairement à la librairie d’Amsterdam qui propose également des ouvrages déjà imprimés et prêts à la vente.
La librairie n’imprime que ce qu’elle vend ce qui permet d’éviter les retours et les mises au pilon et donc de réaliser de grandes économies. De plus, l’EBM est particulièrement bien adaptée aux catalogues scientifiques comme celui des PUF, puisqu’elle offre la possibilité de proposer des titres épuisés qui n’auraient pas été réimprimés.
Après seulement trois mois de mise en place, le bilan est plutôt positif puisque la librairie vend entre 20 et 30 livres par jour depuis l’ouverture et devrait voir sa période initiale d’installation de deux ans prolongée.
Quel avenir pour l’Espresso Book Machine ?
L’imprimante Espresso Book Machine pourrait-elle révolutionner le monde de la librairie afin de concurrencer les librairies en ligne ? Grâce à l’impression à la demande, le lecteur repart directement avec son livre. Une belle manière de faciliter l’achat et de ramener le public dans les librairies traditionnelles. De plus, la machine permet de réduire les coûts de transport, de stockage et d’éviter les invendus. Toutefois, les coûts de l’Espresso Book Machine (environ 150 000 euros) ne permettent pas (encore) une démocratisation de l’outil. Cependant, six machines ont déjà été installées en France (dont une à l’École Supérieure des Arts et Industries graphiques à Paris) contre 150 aux États-Unis.
Repenser les librairies à l’ère numérique
Cette machine pourrait donc contribuer à la modernisation et au renouvellement des librairies physiques. Depuis quelques années, on observe en effet une mutation de ces points de vente. Certaines se réinventent en empruntant les codes des lieux populaires comme les cafés ou en organisant des événements afin de créer un espace plus convivial, propice à l’échange. La librairie nantaise La Vie devant soi organise par exemple des catchs d’écriture au cours desquels deux auteurs masqués écrivent un texte improvisé en quelques minutes. D’autres encore organisent des cours de cuisine ou mettent en place des speed-booking (sur le principe des célèbres speed-dating) durant lesquels les participants ont quelques minutes pour présenter leur livre coup de cœur à d’autres lecteurs.
L’image de la librairie traditionnelle, avant tout dédiée à la vente de livres uniquement et aux précieux conseils de professionnels du secteur, évolue progressivement pour laisser place à un lieu de vie et d’innovation. La librairie indépendante et le livre papier semblent donc avoir encore de beaux jours devant eux.
À relire sur Lettres Numériques :
- Imprimez votre livre sur l’Espresso Book Machine d’Amsterdam
- Hervé Woltèche de Snel : l’imprimerie a encore sa raison d’être
- « Print on Demand » côté belge
Elena Burgos
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— Rédaction
