Les albums filmés de l’École des Loisirs, le numérique autrement

Il y a quelque temps, nous avons eu l’occasion de rencontrer Nathalie Brisac, auteure mais aussi chargée de la communication à la très célèbre École des Loisirs à Paris. Avec elle, nous avons abordé la question du numérique et surtout de l’implication d’un éditeur comme celui-là face à un marché qui ne fait pas toujours recette.

Pour l’École des Loisirs, l’entrée dans le numérique s’est faite il y a longtemps avec les livres audio que l’on retrouvait sur CD. Ainsi, la collection « Chut », dont on a parlé il y a peu ici pour son offre « spéciale été », existe depuis longtemps en CD dans les rayonnages des librairies.

Ce fut ensuite au tour de l’application issue du livre de Soledad Bravi Le livre des bruits de voir le jour. En partenariat avec Europa-Apps, l’École des loisirs sortait en 2011, autant dire avant tout le monde, une application dérivée d’un de ses best-sellers pour tout-petits. En plus de l’imagier papier transposé en numérique, l’enfant peut écouter les sons enregistrés dans l’application ou choisir de se faire lire l’histoire par un adulte. On trouve également des jeux et un rap des bruits (trouvaille assez formidable pour ce type d’imagier).

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Lorsque l’on a demandé à Nathalie Brisac pourquoi cette application n’avait pas été la première d’une longue série, elle a répondu que pour créer une application qui serait un vrai enrichissement d’un album, il fallait que l’album soit transposable de manière originale en numérique et que malheureusement, c’était assez rare de posséder un catalogue qui contenait plusieurs albums du genre. « Pour nous, faire du numérique pour faire du numérique, ça n’avait pas de sens, il fallait avant tout que l’on trouve les albums qui s’y prêtaient ».

« Faire du numérique oui, mais… il faut que nos produits aient du sens pour nous »

Et c’est au départ d’une réflexion sur le sens du numérique dans la littérature pour la jeunesse qu’est apparue l’idée des albums filmés : « Ce qui me posait un problème avec la transposition des albums en numérique, c’était le fait que souvent l’enfant n’était plus à l’écoute d’un récit mais acteur de celui-ci. Nous cherchions donc un moyen pour placer l’enfant dans une position d’écoute qui ne serait pas interrompue par une action à mener. C’est là que nous est apparue l’idée des albums filmés. Dans cette conception de la narration, l’enfant découvre les planches de l’album en écoutant la voix des comédiens qui racontent l’histoire. La narration est continue pendant environ 8 minutes et différents zooms sont opérés sur les illustrations. De cette manière, l’enfant est invité à se concentrer sur l’histoire pendant une durée ininterrompue. »

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Ni un dessin animé, ni une application où il faut être actif, les albums filmés sont ce qui se rapproche le plus de l’écoute d’une histoire qui serait racontée par un adulte. « Nous avons le désir de reconnecter les enfants avec le livre lui-même. On sait que de nombreux enfants ont un accès plus facile à la maison à une tablette qu’à un livre mais si, sur cette tablette, ils découvrent un héros qui leur plait, avec une histoire qu’ils aiment, alors les chances d’être attirés par le livre papier correspondant sont plus grandes. »

Dans ce cas, le livre papier n’est plus, comme ça arrive encore trop souvent, une bête noire (parce que la lecture se transforme parfois en barrière qui s’installe entre l’enfant et le récit) mais plutôt une sorte de produit dérivé d’une histoire, d’un héros, que l’enfant aura peut-être envie d’acheter et de ranger dans une bibliothèque.

Aujourd’hui, les albums filmés sont proposés en DVD (afin de leur trouver une place dans les librairies également) mais aussi en VOD sur le site de l’École des Loisirs.  ( sur celui de la Fnac et FancPlay). Ils sont aussi disponibles sur Paperus, une application gratuite pour iPhone et iPad. Il semblerait que le développement pour Android verra le jour cet automne.

 

— Vincianne D'Anna

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