TEA poursuit son action pour toujours plus d’interopérabilité
Le 6 décembre dernier, David Dupré, directeur général de TEA, et Rémi Bauzac, directeur de recherche et développement, ont profité du rendez-vous de tous les acteurs de la chaîne du livre au Centre National du Livre pour faire le point sur la solution d’interopérabilité pour le livre numérique qu’ils proposent et envisager son avenir.
Pour rappel, TEA (The Ebook Alternative) est une start-up française créée en 2011 dont l’objectif est de permettre une accessibilité et une interopérabilité optimales des livres numériques (pour relire l’interview de David Dupré, c’est par ici). Elle propose donc aux éditeurs, aux libraires et aux lecteurs une offre qui allie protection des fichiers, facilité d’achat et de vente et confort de lecture. Depuis 2011, TEA n’a cessé de croître : son catalogue s’élève aujourd’hui à 500.000 titres, elle compte désormais 300.000 utilisateurs et le même nombre de téléchargements, et atteint un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros.
Une solution qui convainc
Si c’est grâce à l’association de trois grands acteurs du numérique (Decitre, Cultura et SystèmeU) qu’est née la start-up, de nombreux autres lui ont fait confiance depuis, comme Chapitre.com, Cdiscount, Le Furet du Nord et de petites librairies indépendantes (la liste complète peut être consultée ici). Youscribe et izneo sont également venus grossir les rangs depuis peu. Récemment, le groupe HarperCollins France a choisi d’abandonner son partenariat avec la librairie Numilog pour se lancer à son tour dans l’expérience. Pour le printemps 2017, le site Internet et les applications Harlequin utiliseront la solution TEA pour la vente et la lecture de leurs ebooks. Il s’agit d’une très bonne nouvelle pour la start-up, sachant que ce nouveau client est le leader du livre numérique en France. Hachette UK sera également bientôt de la partie, annonçant l’apparition d’une sélection de titres en VO dans les mois qui viennent.
Un objectif ambitieux
TEA souhaite créer à terme un écosystème puissant, en mesure de concurrencer le monopole détenu actuellement par les géants américains que sont Amazon ou Apple sur les marchés français et européen. Un des obstacles à ce projet est la DRM (le verrou électronique) utilisée par les acteurs numériques pour protéger leurs fichiers contre le piratage : il s’agit majoritairement de celle mise au point par Adobe. Elle complexifie fortement les démarches que le lecteur doit effectuer pour acheter et lire un ebook, offrant une bien piètre expérience utilisateur par rapport à celle proposée par un système fermé comme Amazon.
Pour dépasser cet écueil, la start-up TEA a lancé la DRM Care (Content & Author Rights Environment), basée sur la technologie du standard LCP de Readium, une protection aussi sûre que celle d’Adobe mais interopérable et quasi invisible pour le lecteur, rendant l’accès au livre et son utilisation beaucoup plus aisés (relire notre article consacré aux diverses DRM). Les librairies qui ont choisi de se lancer dans l’expérience observent d’ailleurs une forte diminution des sollicitations de leur service après-vente, ainsi qu’un taux de réachat qui a plus que triplé, passant de 20 à 70%.
Et pour la suite ?
Au rayon des nouveautés prévues pour fin 2016 et 2017, TEA a annoncé le développement du logiciel dédié TEA Time, qui permettra au lecteur de gérer plusieurs comptes de libraires avec un seul et même compte client et d’ajouter une option de lecture offline. Un lecteur pourra ainsi offrir ou recevoir un livre d’un autre libraire, et accéder à un ebook qu’il a acheté chez n’importe quel libraire de l’environnement TEA sur l’appareil de lecture de son choix, même lorsqu’il est hors ligne.
La start-up, qui travaille en partenariat avec le fabriquant PocketBook, va effectuer à partir de janvier prochain une mise à jour de ses liseuses pour permettre aux lecteurs de passer sans problème d’un appareil à l’autre, ou d’une application de lecture à l’autre. Cette solution sera ensuite déployée à tous les clients libraires.
La position de TEA peut parfois se révéler ambiguë, car la start-up intervient à tous les niveaux et sur tous les aspects du livre numérique : elle joue à la fois le rôle de distributeur et de libraire, fabrique ses propres liseuses et propose sa solution technique en marque blanche pour les autres acteurs. De nombreuses casquettes qui se chevauchent et pourraient porter à confusion dans certains esprits. Par ailleurs, comme le soulignait Actualitté, l’unique point noir de la proposition de TEA est qu’il n’existe pas à l’heure actuelle une bibliothèque commune qui reprenne l’offre de tous les revendeurs. D’autre part, la conservation de la progression de lecture lorsque l’utilisateur passe d’un support à l’autre n’est pour l’instant pas activée, mais elle devrait être fonctionnelle dans le courant de l’année prochaine.
La proposition d’écosystème de The Ebook Alternative est complète, comprenant logiciel, matériel et services, et permettant de viser une grande interopérabilité. Mais les acteurs numériques français et européens décideront-ils de suivre massivement le mouvement ? Affaire à suivre…
— Loanna Pazzaglia