Europeana fait rimer culture et numérique
Cette semaine, Lettres Numériques s’intéresse à la bibliothèque numérique collective européenne, Europeana. Près de dix ans après son lancement, elle est aujourd’hui une véritable référence en matière d’accès commun à la culture, mais aussi d’initiatives pour y intégrer les technologiques numériques. Focus sur ce projet aux multiples déclinaisons.
Créée en 2008 par la Commission européenne en réaction à l’initiative de Google de numérisation massive de livres, Europeana assure la mise en commun d’un grand nombre de ressources numériques et numérisées provenant de bibliothèques, de centres d’archives, de musées et de collections audiovisuelles des États membres de l’Union européenne. On y trouve des livres, des documents d’archives, des images et des photographies, mais aussi des objets, des œuvres d’art, des films et des archives audio, entre autres.
Un projet colossal
En lançant cette plateforme gratuite en ligne, l’Europe souhaitait rassembler en un même lieu les œuvres libres de droit issues des collections de ses pays membres, dans le but de valoriser son patrimoine historique et culturel. Récemment, une nouvelle version du site, Europeana Collections, simplifiée et plus aisée à utiliser, a été mise en place afin de faciliter les recherches des étudiants ou des scientifiques dans le cadre de leurs études et travaux, ou plus largement de répondre à l’intérêt personnel de tout un chacun.
Le site se présente donc comme un vaste catalogue de recherche et fait le lien vers l’institution qui dispose de chaque œuvre numérisée et en assure la conservation. En tout, le catalogue européen répertorie pas moins de 53 millions de documents, qui proviennent de 3000 institutions différentes, parmi lesquelles se trouvent la Bibliothèque nationale de France (et sa bibliothèque numérique Gallica), la British Library de Londres, Le Louvre, la Bibliothèque royale de Belgique et le Rijksmuseum d’Amsterdam, pour ne citer que ceux-là.
Europeana 1914-1918, une collection collaborative
À l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, la collection Europeana 1914-1918 a été créée. Elle rassemble des documents historiques et audiovisuels se rapportant à la Grande Guerre, issus des collections nationales des pays qui étaient à l’époque au cœur du conflit, dont celle de la Bibliothèque royale de Belgique (pour relire notre article à ce sujet, c’est par ici). À ces archives officielles, Europeana 1914-1918 ajoute des histoires inédites, invitant ses utilisateurs à déposer en ligne ou à déposer physiquement lors de journées de collecte spécifiques des documents personnels ou des objets en lien avec la thématique.
Il y a quelques mois, une autre initiative collaborative a été lancée, le Transcribathon. Il s’agit d’une vaste opération de transcription collective, sous la forme d’un défi. Europeana 1914-1948 a ainsi encouragé tous ses utilisateurs à participer à ce projet en retranscrivant des lettres, des notes et des poèmes manuscrits rédigés pendant le conflit. Chaque mot retranscrit fait avancer le compteur des « miles » virtuels et un top des transcripteurs les plus prolifiques est constamment mis à jour sur le site. Cette initiative ludique permet la construction commune d’une mémoire collective.
Au rayon des nouveautés
Les initiatives mises en place par Europeana pour rassembler et valoriser le patrimoine du Vieux Continent ne manquent pas. Dernièrement, la plateforme a lancé une radio en ligne qui propose déjà 200.000 extraits musicaux provenant des archives audio européennes. L’interface se présente comme un poste de radio virtuel dans lequel les utilisateurs ont la possibilité de faire des recherches par institutions, ou bien par catégories (musique classique, musique folk et traditionnelle, et musique populaire), subdivisées en genres musicaux.
Europeana souhaite également intervenir pour assurer l’avenir de la création européenne. Pensons à Europeana Space, un projet dont l’objectif est de créer de nouvelles opportunités pour l’emploi et la croissance économique dans le secteur des industries créatives. En encourageant l’utilisation et la réutilisation des collections numériques d’Europeana, les concepteurs du projet espèrent voir augmenter la création culturelle en Europe. E-Space, un portail dédié à ce projet, vient de voir le jour sous la forme d’un moteur de recherche couplé à une plateforme de publication d’œuvres.
Reconnue en décembre dernier par le Nominet Trust comme l’un des 100 projets les plus exemplaires dans le monde numérique, Europeana peut se targuer de valoriser le passé pour construire l’avenir grâce à ses très nombreuses initiatives, dont nous n’avons pu ici vous présenter qu’un échantillon. Si le projet permet la découverte et/ou la redécouverte de l’héritage culturel européen, il tente également de relancer la dynamique de création, en favorisant la collaboration et le partage.
— Loanna Pazzaglia