5 avantages de l’impression à la demande pour les éditeurs
Ces 7 et 8 juin se déroulait à Madrid la 4e rencontre internationale des distributeurs de contenus numériques, organisée par l’IDPA (International Publishing Distributors Association). L’occasion d’aborder de grands thèmes tels que les livres audio et l’évolution du marché, mais également l’impression à la demande, qui convainc les éditeurs lentement mais sûrement. Cette semaine, Lettres Numériques vous livre cinq grands avantages liés à cette technique de production.
Pour rappel, l’impression à la demande (POD) permet d’imprimer des livres à petits tirages. Présente depuis plusieurs années, cette technique s’impose de plus en plus. Au cours d’une table ronde, quatre intervenants ont partagé leur expérience du POD et ont dégagé des atouts indéniables pour les éditeurs :
- Ruth Jones, Director Business Development chez Ingram, l’un des leaders mondiaux de la distribution de livres ;
- Pilar Molina, Business Development Manager chez Podiprint, société espagnole spécialisée dans l’impression à la demande ;
- Jens Klingelhofer, CEO de Bookwire, distributeur allemand présent également en Espagne et en Amérique latine ;
- Antonio Tombolini, CEO de StreetLib, distributeur italien spécialisé dans l’auto-édition.
1. Une qualité qui s’approche toujours plus de l’impression traditionnelle
À ses débuts, l’impression à la demande faisait difficilement le poids face à l’impression traditionnelle : choix de papier et de format restreint, traitement des couleurs et des images de moindre qualité, etc. Il s’agissait plutôt d’une solution de « secours ». Aujourd’hui, les techniques ont bien évolué et les possibilités sont beaucoup plus nombreuses. Bien entendu, l’impression à la demande ne correspond pas à tous les types de publication et il est indéniable qu’elle ne représente pas forcément la solution idéale pour les beaux livres, par exemple. En revanche, elle convient tout à fait pour des contenus simples constitués principalement de texte et de quelques illustrations. Selon Pilar Molina, responsable du développement international chez Podiprint, il est important pour les éditeurs de segmenter leur catalogue et de choisir la technique d’impression la plus adaptée à chacun de leurs livres.
2. L’aspect financier
Tout éditeur papier traditionnel ne connaît que trop bien les coûts liés à la gestion des stocks, des retours et du pilon de ses livres. Ces réalités économiques font partie des plus grands défis auxquels doivent faire face les éditeurs de livres papier. Avec l’impression à la demande, toutes ces notions disparaissent : l’éditeur ne doit plus anticiper le nombre de livres à imprimer, à mettre en place, il ne doit plus prévoir de coûts de stockage (ou alors ceux-ci sont très minimes) et de retours. D’une part, cela facilite la gestion, de l’autre, cela réduit ses coûts, tout en permettant à l’éditeur de dégager d’autant plus de temps pour l’aspect éditorial et promotionnel de son travail.
3. Une meilleure distribution internationale
À l’heure actuelle, la distribution à l’échelle internationale représente également un défi de taille pour l’éditeur papier traditionnel et faire parvenir l’un de ses livres sur un autre continent peut se transformer en un véritable casse-tête qui implique des coûts postaux colossaux. Là aussi, l’impression à la demande représente une solution idéale : « nous avons cinq centres d’impression aux États-Unis, plusieurs en France également, un en Grande-Bretagne et un en Australie. Nous allons également en ouvrir bientôt du côté de l’Espagne. Lorsqu’un lecteur commande un livre, sa demande est envoyée au centre le plus proche de chez lui », explique Ruth Jones. Une technique qui permet de travailler en circuit plus court tout en diminuant les frais et les délais de livraison et qui n’est pas sans rappeler le livre numérique. L’entreprise Podiprint possède quant à elle des centres en Espagne et en Amérique latine, une configuration qui séduit assez logiquement les éditeurs espagnols. « Nous leur avons permis de réinventer leurs schémas traditionnels, d’atteindre plus facilement leur public et de vendre d’une nouvelle façon », confirme Pilar Molina.
4. Un processus digital pour un produit papier
L’impression à la demande repose finalement sur un procédé totalement digital, mais qui permet de livrer un résultat physique. Il s’agit là de l’une des plus grandes forces de ce procédé, qui offre par conséquent une liberté beaucoup plus grande à l’éditeur. Selon Jens Klingelhofer, « cela permet à l’éditeur de se mettre dans un état d’esprit totalement différent et de réagir beaucoup plus vite ». Par exemple, si l’éditeur souhaite ajouter un bandeau à sa couverture ou corriger des erreurs dans le PDF imprimeur, il lui suffit de renvoyer les nouveaux PDF à son prestataire et les nouvelles versions seront prises instantanément en compte. Plus besoin donc d’anticiper les prochaines réimpressions pour apporter des changements à ses livres. À l’image du livre numérique, le POD offre donc une flexibilité incroyable à cet égard.
5. Une bonne façon de préserver le fond de son catalogue
Pour les maisons d’édition qui possèdent un catalogue de fond important, l’impression à la demande constitue un bon compromis entre l’arrêt de commercialisation et la réimpression, qui peut s’avérer coûteuse sans représenter un intérêt conséquent. Grâce au POD, l’éditeur peut répondre à des demandes ponctuelles sur ce type de livres tout en évitant à nouveau des frais liés au stockage et autres. Selon Antonio Tombolini, « c’est avant tout une question de disponibilité. Notre objectif, c’est que les gens continuent à lire, quel que soit le format dans lequel ils le font, quelles que soient les techniques de production. »
L’impression à la demande présente donc des avantages indéniables en termes de distribution mondiale et de réduction des coûts. En Espagne, les éditeurs semblent l’avoir bien compris puisque, selon Podiprint, environ 70 % des maisons ont déjà eu recours à cette technique. Finalement, le plus gros du travail pour cette technique consistera à mettre au point un écosystème qui lui permettra de concurrencer les canaux traditionnels de l’édition papier et de toucher même les plus petites librairies.
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— Mélissa Haquenne