Le papier peint qui raconte des histoires

Le rituel de l’histoire avant d’aller dormir inspire les créateurs de contenus numériques pour les enfants, même en dehors du monde de l’édition. C’est par exemple le cas de Castorama, une chaîne française de magasins de bricolage et de décoration, qui a lancé récemment un papier peint qui raconte des histoires pour les plus petits. Analyse de cette initiative innovante, autant que surprenante.

Il est vrai que le coucher constitue généralement un moment privilégié entre un parent et son enfant, et est souvent dédié à la lecture. Partant de ce constat, Castorama a choisi d’intégrer les éléments de décoration de la chambre à l’activité de lecture en développant un papier peint connecté qui raconte des histoires avant d’aller dormir : le Papier plein d’histoires. Les courts récits sont accessibles pour les enfants de 3 à 8 ans, selon l’enseigne de bricolage.

Comment ça marche ?

Dix personnages ludiques qui incitent à l’imagination sont imprimés sur le papier peint : un robot, une princesse qui n’aime pas les robes, un rhino joggeur, un chat marin, un extraterrestre, etc. Ces dessins sont en réalité des marqueurs digitaux qui disposent chacun d’un QR code invisible. Il suffit alors de scanner une image au moyen de l’application dédiée, qui aura été préalablement installée sur une tablette ou un smartphone. L’application reconnaît l’image et propose de découvrir l’histoire correspondante en version audio ou en version texte, ce deuxième mode de lecture étant augmenté d’effets sonores.

Et Castorama va plus loin en permettant aux utilisateurs de son application de lecture de scanner en même temps deux personnages, qui interagissent et racontent alors une histoire commune. Avec toutes les combinaisons possibles, l’utilisateur dispose d’un choix parmi pas moins de 55 histoires différentes, d’une durée 5 minutes chacune environ. Cela constitue un des « plus » de cette formule innovante, et l’enseigne a pensé à tout : il n’est pas nécessaire d’être connecté au réseau internet pour lire les histoires car l’application fonctionne également en mode avion.

Une action marketing réussie

Pour créer ce support de lecture inédit, Castorama a conclu un partenariat avec l’entreprise Graham & Brown, spécialisée dans le papier peint. C’est par ailleurs l’agence TBWA Paris qui s’est chargée de la communication. Le projet a ainsi été soutenu par une vaste campagne de publicité sur les réseaux sociaux, de relais dans la presse et d’animations dans les points de vente.

Pour moins de 10 €, les utilisateurs peuvent se procurer un rouleau de papier peint, décliné en divers produits pour convenir à tous les goûts. L’application est quant à elle disponible gratuitement à la fois sur Apple et Android, mais elle n’est compatible qu’avec certains modèles d’appareils (la liste est consultable sur le site web du magasin).

Un concept réellement novateur ?

Ce nouveau concept rappelle celui des Pyjalivres développés par la société La Moretaine, dont nous vous avions parlé il y a quelques temps dans Lettres Numériques (pour relire l’article consacré aux pyjalivres, c’est par ici). Ces pyjamas qui racontent des histoires avant d’aller dormir sont également axés sur le rituel du coucher et ils fonctionnent aussi à partir de QR codes imprimés sur le vêtement qu’il faut flasher via une application dédiée pour accéder à l’histoire.

Edith Depond, la créatrice du projet des pyjalivres, nous confiait à l’époque qu’elle avait choisi de ne pas ajouter d’interactions dans ses histoires afin de ne pas trop distraire l’enfant avant de s’endormir. Il est vrai que les divers bruitages et musiques qui agrémentent le mode texte des histoires du papier peint pourraient avoir l’effet inverse de l’apaisement recherché au moment du coucher. Ce genre d’applications pose aussi la question de la présentation d’écrans aux plus jeunes avant d’aller dormir, question qui fait débat chez les parents.

Castorama a néanmoins relevé un défi, et on peut dire que le résultat se révèle plutôt intéressant : un dispositif moderne et créatif qui fait intervenir les objets connectés, et des histoires qui captivent les enfants et stimulent leur imagination. Il reste à voir comment va évoluer ce projet : ses concepteurs vont-ils le développer en ajoutant des histoires et/ou des personnages supplémentaires et en apportant une attention particulière à la narration ? Dans ce cas, des partenariats avec des maisons d’édition jeunesse pourraient-ils exister ? L’avenir nous le dira.

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— Loanna Pazzaglia