Manuels scolaires numériques : l’exemple des éditions Erasme
À l’approche du Salon EDUC qui se tiendra dans quelques semaines à Charleroi, Lettres Numériques s’intéresse d’un peu plus près à la thématique du numérique dans l’édition scolaire. Focus cette semaine sur un des piliers du domaine en Belgique, les éditions Erasme. Michel Charlier, Marketing & Sales manager pour l’enseignement secondaire et supérieur, fait le point avec nous sur l’offre numérique de la maison.
L’édition scolaire en Belgique
Dès leur fondation en 1984 à Namur, les éditions Erasme se donnent pour mission de publier des manuels scolaires et des ouvrages pédagogiques. Elles prennent de l’ampleur petit à petit et rachètent, quatre ans plus tard, les éditions de La Procure, un important fonds scolaire en fort déclin. Poursuivant sur cette lancée et jouant sur la complémentarité des catalogues, elles acquièrent le fonds Didier Hatier du groupe Hachette en 2000. Si, pendant un temps, ces maisons se distinguaient par l’utilisation de logos différents, toutes les publications sont aujourd’hui rassemblées sous une seule marque, Erasme.
En 2004, les éditions Erasme sont elles-mêmes englobées par les éditions Averbode, qui développent ainsi leur catalogue d’ouvrages scolaires pour le marché flamand.
L’offre numérique d’Erasme
Le développement numérique s’applique essentiellement aux publications liées à toutes les matières du niveau de l’enseignement secondaire. À chaque manuel édité en papier correspondent deux versions numériques :
- un manuel numérique simple. Il s’agit du manuel homothétique, identique à la version papier, qui est projetable sur un tableau blanc interactif et dispose de nombreux outils embarqués (permettant de zoomer, cacher une partie du texte, écrire, etc.) ;
- un manuel numérique enrichi. Le contenu de départ est disponible avec un enrichissement (ajout de documents et de liens Internet actualisés régulièrement) et des fonctionnalités supplémentaires, notamment audio et vidéo. « En mathématiques par exemple, le manuel donne accès à des outils de traçage, de comptabilité, des instruments de mesure ou encore un programme en 3D pour la géométrie », développe Michel Charlier.
Selon lui, la version numérique présente l’avantage de « permettre à l’enseignant d’intégrer son propre contenu au manuel, de le personnaliser à la classe concernée et de l’adapter à l’avancement dans la matière. »
Des outils pour les (futurs) enseignants
Ces manuels numériques interactifs sont essentiellement destinés aux enseignants (un manuel de mathématiques en version « simple » et destiné aux élèves constitue la seule exception). Les guides enseignants sont d’autres publications numériques qui s’adressent au même public : ces ouvrages contiennent les solutions des exercices, des pistes pédagogiques et des actualisations.
Michel Charlier ajoute : « Nous avons démarré il y a quelques mois une grande action offrant aux futurs enseignants (étudiants en haute école ou à l’université) d’utiliser nos manuels numériques pour un prix bas et une durée limitée. » De quoi les aider dans la préparation de leurs stages et des leçons qu’ils donnent dans ce cadre. « Nous sommes actuellement le seul éditeur à proposer cette formule. »
Un portail des éditeurs scolaires belges
Il existe un portail commun à tous les éditeurs de manuels scolaires belges (à l’exception de De Boeck pour l’instant) et qui se décline en deux branches, une flamande et une francophone : Digiportail. Cette plateforme sécurisée regroupe les ressources pédagogiques d’Erasme et d’autres éditeurs comme Van In, Plantyn ou encore Pelckmans, et constitue l’unique accès possible à ces publications en version numérique.
Après avoir fourni une preuve de l’utilisation de la version papier du manuel par les élèves, les enseignants pourront passer commande et recevoir, dans la foulée, un code d’activation nécessaire pour s’inscrire sur le portail. Ensuite, le manuel numérique sera accessible à la fois en ligne et hors ligne, les modifications ajoutées en mode hors ligne étant automatiquement synchronisées à chaque connexion. Si le livre numérique ne peut pas être téléchargé sur un ordinateur, il reste disponible année après année via le Digiportail.
Les éditions Erasme ont fixé un prix de vente pour leurs manuels numériques, à la différence des pratiques d’autres éditeurs qui offrent la version numérique comme un « bonus » à l’achat de la version papier du livre. « Produire un livre numérique représente un gros investissement financier et humain et nous voulons rémunérer ce travail et donner une vraie valeur au numérique en lui apposant un prix de vente. »
Des innovations récentes et à venir
Si ces ressources sont disponibles uniquement via le programme Silverpoint – devenu Cum Laude depuis peu –, Erasme propose également l’un de ses best-sellers en ePUB 3, sous la forme d’une application à télécharger sur iTunes et Google Play. Disponible depuis peu, l’app Grands courants de la littérature française permet ainsi de travailler avec le contenu du livre sur une tablette ou un ordinateur. « Cette application fait figure de test et, en fonction du résultat et de sa réception, nous déciderons de poursuivre ou non son développement sur d’autres titres par exemple », assure Michel Charlier.
Et ce n’est pas tout, Erasme a encore d’autres projets dans ses cartons. Depuis un an, une demande d’outils pédagogiques numériques se fait sentir également au niveau de l’enseignement fondamental. L’équipe travaille actuellement à une proposition de manuels numériques simples pour une série d’ouvrages spécifiques. L’évolution est donc constante : « Nous essayons de proposer des outils qui sortent de l’ordinaire, comme un atlas numérique, tout en maîtrisant les coûts. » Un vrai travail d’équilibriste !
À relire sur le site :
- Edition scolaire belge, une offre en élaboration
- L’édition scolaire et le numérique: focus sur Averbode et De Boeck
- Les éditions Lemaitre, éditeur numérique parascolaire
Retrouvez Lettres Numériques sur Twitter et Facebook.
— Loanna Pazzaglia