Plumavitae, un intermédiaire entre auteur et éditeur
Nous vous parlions récemment de la plateforme Librinova qui propose ses services aux auteurs autoédités. Cette semaine, nous avons rencontré Kevin Bilingi, créateur de la plateforme Plumavitae. Focus sur le travail de cet incubateur révolutionnaire !
Lettres Numériques : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Kevin Bilingi : J’ai 22 ans et je suis étudiant-entrepreneur français depuis maintenant 1 an. Encouragé à la fois par mes professeurs et mes grands-parents, j’écris depuis mon plus jeune âge. Ainsi, une de mes anciennes professeurs me suit depuis le collège et m’aide à améliorer les fictions que je rédige. À force d’échanges avec elle et mes grands-parents, je me suis rendu compte que nous avions créé une méthode, accompagnant l’auteur du début à la fin de sa rédaction. Plumavitae, c’est le condensé de cette méthodologie et des apports que m’a fournis le monde des start-ups que j’ai découvert à l’université.
De façon générale, comment fonctionne Plumavitae ?
Nous sommes partis du constat qu’il existe de nombreux excellents auteurs sur Internet qui ne détiennent malheureusement pas toutes les clés en matière de communication ou de « finition ». Nous leur apportons alors notre expérience et notre savoir-faire pour les aider à finaliser leurs œuvres. Pour ce faire, nous envoyons leurs textes à des bêta-lecteurs, formés par nos soins, et s’ils apprécient l’ouvrage, nous contactons l’auteur et lui proposons d’entrer dans le parcours « Phénix ». Celui-ci leur donne accès à un groupe de correcteurs. Nous retravaillons avec eux leur ouvrage, de sorte à pouvoir proposer à n’importe quel éditeur une œuvre complète avec des retours de lecteurs et des fiches informatives. Les auteurs qui ne sont pas pris reçoivent également un retour qui leur spécifie les points à améliorer, chose que les éditeurs n’ont pas le temps de faire. Cela leur permet de retravailler et d’améliorer leurs textes.
D’où vous est venue l’idée de créer cet incubateur ? Est-ce pour pallier un manque dans le secteur de l’édition ?
Nous nous sommes rendu compte que beaucoup d’auteurs ne recevaient aucun retour d’éditeurs à qui ils ont pourtant pris la peine d’envoyer leur(s) manuscrit(s). Je me suis dit qu’il fallait créer un intermédiaire pour traduire les exigences des éditeurs envers les auteurs. En somme, ce serait mettre sur une même ligne d’information ce qu’un éditeur attend de l’auteur et ce que l’auteur attend d’un éditeur.
Qu’est-ce qui vous différencie d’initiatives telles que Librinova ?
Nous considérons qu’être auteur est un travail à temps plein, d’autant plus que l’auteur travaille généralement à côté. Chez Librinova, l’auteur met son œuvre sur la plateforme, mais ne connaît pas forcément la valeur de son ouvrage, ni même s’il existe un public… Pour atteindre 1000 ventes, il va devoir mobiliser des compétences qu’il ne possède pas forcément. Dans ce cas de figure, des auteurs moyens avec des compétences en vidéo auront tendance à plus se vendre face à de meilleurs auteurs qui, eux, se retrouveront au fond du panier, car ils ne savent « qu’écrire ». Nous prenons le chemin inverse : nous repérons de bons auteurs et les aidons à développer la force commerciale de leur(s) texte(s) en plus de mettre en valeur leur qualité littéraire. Au lieu de leur demander davantage d’efforts comme Librinova le propose, nous considérons qu’écrire un roman complet, cohérent et ayant un intérêt littéraire est déjà éprouvant. Nous leur apportons donc le reste.
Quelles formules proposez-vous aux auteurs et aux éditeurs ?
Pour les auteurs, nous suggérons deux parcours :
- le programme Phénix dans lequel l’auteur, en échange de 1 % de ses droits d’auteur la première année de sa publication, est accompagné dans la création de toute son œuvre ;
- une deuxième formule est prévue pour ceux qui préfèrent rester indépendants : nous leur proposons les mêmes services en échange d’une prestation.
Quant aux éditeurs, nous leur proposons de s’abonner à notre catalogue. Nous, en amont, nous avons décortiqué l’œuvre, l’univers, la trame pour eux et nous leur fournissons toutes ces informations pour qu’ils décident en toute connaissance de cause s’ils souhaitent poursuivre l’aventure avec l’un ou l’autre auteur.
En quoi consiste votre comité de lecture digital ?
Ce sont des personnes comme tout le monde, formées, qui lisent des ouvrages proposés par des auteurs. Elles décortiquent l’œuvre et la corrigent contre une rémunération. Ce qui est intéressant, c’est qu’elles lisent pour le plaisir, car elles peuvent choisir les ouvrages qu’elles souhaitent lire.
À terme, quel serait votre objectif ?
Pour commencer, nous voudrions proposer cette offre à des éditeurs francophones, puis, à terme, créer un écosystème éditorial en Europe. Nous nous sommes rendu compte que si l’Europe n’innove pas, ce sont des acteurs américains comme Amazon qui vont imposer leurs modèles. Ils le disent, ils veulent faire en sorte qu’il n’y ait plus d’intermédiaire entre l’auteur et le lecteur. Pour nous, un intermédiaire entre les deux est nécessaire pour effectuer un travail en amont. Des œuvres d’auteurs autoédités, où aucun travail éditorial professionnel n’a été réalisé, le prouvent : la qualité n’est pas toujours au rendez-vous !
Un dernier mot pour conclure ?
Oui. Aujourd’hui, nous souhaiterions entrer sur le marché belge, rencontrer les éditeurs, les lecteurs et les professeurs. Si notre initiative vous intéresse, n’hésitez pas à nous contacter !
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Propos recueillis par Jean Cheramy
— Jean Cheramy