Podcasts : l’avènement du vocal ?

Les podcasts, ces fichiers audio librement téléchargeables à écouter un peu partout à l’aide de son smartphone, sont de plus en plus répandus. Aujourd’hui, 40 % des Français en ont déjà écouté et rares (12 %) sont ceux qui n’en ont jamais entendu parler. Alors que les livres audio connaissent une véritable croissance, Lettres Numériques revient sur cette nouvelle mode vocale et ses spécificités.

Qu’est-ce qu’un podcast ?

Le terme « podcast », ou « balado » en français québécois, est apparu en 2004 et résulte de la contraction des mots « iPod » et « broadcast ». Le concept a beaucoup évolué pour finalement désigner un contenu audio téléchargeable sur Internet, qui n’est plus tributaire de la radio.

Un podcast est donc un fichier audio (ou vidéo) qui peut soit se présenter comme une rediffusion d’émission radio, soit comme une création par des médias non radiophoniques. Ils sont principalement disponibles sur Internet et traitent généralement de sujets spécifiques, qui peuvent être contenus dans un spectre très large : de la gastronomie à la littérature en passant par la musique ou le cinéma. Certains sites, tels que Radiovore, Les Moissonores ou encore Elson, les classent par thèmes (cinéma, musique, etc.) ou par genres (documentaire, fiction, rencontre). Parfois, il y a même une logique d’épisodes, certains s’organisant en effet en séries. Il en existe pour tous les goûts, sur tous les sujets. Voici, à titre d’exemple, un top 10 des émissions podcast à ne pas rater et un échantillon des podcasts disponibles sur la littérature et le monde de l’édition :

• Ceux conseillés par la Fédération Wallonie-Bruxelles ;
• iTunes ;
• France Culture ;
• Mediamus ;
• À nous Paris ;
• Caps Lock, dont nous vous parlions déjà ici.

La formule, voguant sur un succès grandissant, a même son propre festival : le Paris Podcast Festival, dont la première édition s’est tenue en octobre dernier.

Comment expliquer cet énorme succès ?

De nombreuses raisons interviennent dans le succès du podcast.

• Tout le monde peut en faire : en effet, il suffit d’un simple micro de smartphone pour créer un podcast.
• Ce succès se doit aussi à l’explosion d’Internet et à son accessibilité. C’est donc devenu un moyen intéressant de faire découvrir des émissions radios méconnues et, par la suite, des podcasts dits de « création ».
• Le podcast a un effet addictif, car il s’accommode très bien avec le mode de vie de tout un chacun : attendre le train, prendre un métro ou un bus, faire du repassage. Autant de moments qui, un casque sur les oreilles et un podcast lancé, semblent passer beaucoup plus vite.
• La voix est puissante pour faciliter l’immersion de l’auditeur dans un récit, l’écoute amenant des émotions.
• Le podcast comble un vide médiatique en offrant des contenus sur la pop-culture, les jeux vidéo, etc. Ceux-ci ne bénéficient pas toujours d’une couverture par les radios traditionnelles.
• Il existe une forte demande de contenus personnalisés, sur un ton moins classique et journalistique.
• Le podcast répond également au besoin de retrouver du calme, de s’extraire d’une frénésie informationnelle. Il permet de se retrouver quelques instants dans une bulle.
• Le podcast est confidentiel, à l’instar d’une discussion entre deux personnes. Une intimité se développe au fur et à mesure des écoutes successives d’un même podcasteur. On le remarque bien avec le succès des podcasts qui racontent des histoires ;
• Le podcast demande moins de concentration que la lecture et il n’hypnotise pas, comme le font les écrans. Sans image, l’auditeur est plus sensible à la voix, aux nuances, aux émotions véhiculées par le récit.
• Les créateurs de contenu de podcasts s’investissent dans leurs créations, ce qui contribue à l’intimité et à la proximité avec les auditeurs. Une communauté peut même se former par le biais de rencontres entre podcasteurs et auditeurs.
• Le podcast s’affranchit des contraintes de la radio : plaire au plus grand nombre et devoir s’accommoder des grilles de programmes. Il devient donc un espace de liberté et de créativité sans limites.
• Il étanche une soif d’apprendre en permettant de convertir des moments dits « perdus » en une forme d’optimisation intellectuelle. Les assistants personnels de maison, tels que Google Assistant ou encore Alexa d’Amazon, contribueront sans doute à une explosion des podcasts. Ils seraient disponibles, depuis son canapé, en une commande vocale.

Le podcast voit de très nombreuses raisons s’unir pour conforter son succès. Il semble bien que ce type de média, transportable à loisir, et ne nécessitant qu’un simple smartphone et des écouteurs, ait séduit une bonne partie de la population. Si ce n’est pas encore le cas, à votre tour de sauter le pas !

Source : Les Échos

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— Jean Cheramy