Les jeunes et le piratage des livres numériques
L’EUIPO (European Union Intellectual Property Office) a récemment mis en ligne son tableau de bord sur les jeunes et la propriété intellectuelle. Faisons le point.
La notion de piratage
Juridiquement et en ce qui concerne le sujet de cet article, le piratage consiste en la copie d’une œuvre protégée par le droit d’auteur. Il faut savoir que toute création originale de l’esprit est protégée à ce titre : peu importe qu’il s’agisse d’une musique, d’un livre, ou encore d’une photographie, de qualité ou non.
En bref, tout contenu mis sur Internet peut en général être piraté, et les livres numériques ne font pas exception à la règle. Concernant les ebooks, le pirate peut choisir d’utiliser une version déjà numérisée du livre, disponible par exemple sur le site d’une maison d’édition, ou encore de numériser lui-même un livre papier, sans pour autant avoir eu l’autorisation préalable de l’auteur. Dans tous les cas, le contenu protégé est ensuite mis en ligne de façon gratuite. Des sites internet spécialement dédiés au piratage des ebooks peuvent donc être trouvés sur Internet.
Par ailleurs, celui qui télécharge des œuvres piratées viole également le droit de l’auteur. En effet, chaque auteur doit en principe être informé et rémunéré pour toute utilisation de son œuvre.
Le tableau de bord de l’EUIPO
L’EUIPO est une institution européenne basée à Alicante, en Espagne. Elle a pour but d’analyser les comportements de la population de l’U.E. concernant la propriété intellectuelle, et de proposer des solutions.
Le tableau de bord a été écrit sur la base des réponses données par un échantillon de près de 24 000 individus âgés de 15 à 24 ans et appartenant à tous les pays membres de l’U.E. Les jeunes interrogés ont pour certains répondu à un questionnaire en ligne, et pour le reste participé à des discussions de deux heures sur le thème de la propriété intellectuelle. L’enquête présente ainsi l’avantage de mêler données quantitatives et données qualitatives. Les questions posées portaient dans les deux cas sur le comportement des individus par rapport aux contenus en ligne, qu’il s’agisse de films et séries, toujours en tête dans les téléchargements illégaux, de musique, ou encore d’ebooks.
Globalement, l’étude constate que le piratage est en baisse depuis 2016, sauf dans le domaine des ebooks. Surprise néanmoins concernant le public qui pirate le plus : il s’agirait des hommes d’une trentaine d’années, avec un niveau d’études élevé.
Les raisons
Les raisons principales du piratage restent le prix des ebooks dans les offres légales, mais également le plus grand choix parfois proposé par les offres illégales. En effet, bon nombre de chercheurs universitaires savent qu’il peut s’avérer presque impossible de se procurer certains livres de façon licite, que ce soit à cause de leur prix élevé, ou tout simplement de leur indisponibilité sur les bases de données légales. C’est alors qu’entrent en jeu les sites pirates qui, bien que proposant majoritairement des best-sellers, rassemblent pour certains également des ouvrages techniques universitaires et livres rares.
Aussi, l’une des autres raisons expliquant le piratage est le manque d’information du grand public quant à la propriété intellectuelle et donc quant aux droits qui existent sur la majorité des contenus culturels. Une meilleure information pourrait donc aider à lutter contre le piratage, car il s’agit en d’autres termes d’un vol à part entière.
À l’inverse, la majeure raison qui pousse la population à ne pas télécharger illégalement des contenus protégés est le fait qu’il existe une offre légale, c’est-à-dire une offre qui ne viole pas les droits d’auteurs de l’écrivain, et qui soit abordable en matière de prix.
Finalement, le problème du piratage provient réellement du fait qu’il est simple, rapide et peu réprimandé dans certains pays de l’U.E.
Ailleurs sur Lettres Numériques :
- Qui sont les auteurs de piratage ebook ?
- 5 raisons qui poussent au piratage d’ebooks
- La lutte contre le piratage dans 18 pays occidentaux
Retrouvez Lettres Numériques sur Twitter, Facebook et LinkedIn.
— Nausicaa Plas